Le film documentaire "La grande bataille d'El Djorf" survenue au cours de la Guerre de Libération à Tébessa le 22 septembre 1955 est actuellement en "phase de montage et des dernières retouches" avant sa diffusion prévue dans les "meilleurs délais", a-t-on appris auprès du réalisateur, Soltane Djebaili. Dans une déclaration à l'APS, le réalisateur a précisé que ce film documentaire de 26 minutes relate un haut fait d'armes dans les Aurès Nememcha, au mont El Djorf, situé à 100 km au sud du chef lieu de la wilaya, et revisite la bataille surnommée "mère des batailles" survenue entre le 22 et 26 septembre 1955. Pour lui, ce documentaire "cinématographique et historique" vise à mettre la lumière sur un pan de l'histoire de la wilaya 1 historique, Aurès Nememcha, berceau de la Révolution libératrice, à "imager" pour les futures générations cette histoire et à préserver la mémoire collective de la wilaya de Tébessa. La réalisation de cette œuvre cinématographique avait débuté en 2009, a relevé le metteur en scène, précisant que "près de 10 ans ont été consacrés à la collecte d'une dizaine de témoignages vivants de moudjahidine ayant participé à cet évènement". M. Djebaili a relevé que pour les besoins du documentaire, l'équipe du tournage a sillonné les différentes communes du nord et sud de Tébessa, et a également visité des wilayas limitrophes à la recherche de témoignages, soulignant que plusieurs moudjahidine dont El Ouardi Ketal, Ali Messai, Lazhari Achour, Mohamed Baâloudj, Abdelmadjid Belghit et Brahim Boughrara ont été sollicités pour ce documentaire. Il a ajouté que l'universitaire Farid Nasrallah, chef département de l'histoire à l'université Larbi Tebessi, a été sollicité pour "réviser les témoignages recueillis en se référant aux sources historiques" avec l'objectif d'élaborer une "matière fiable en mesure de devenir une référence pour la réalisation d'études et recherches académiques approfondies". L'opération de montage a été lancée depuis plus d'un mois, a ajouté M. Djebaili, précisant qu'il a exploité des archives de la Guerre de libération pour revenir sur le combat armé sur les hauteurs du mont El Djorf et la résistance de l'Armée de libération nationale (ALN) face à une répression aveugle du colonisateur. Le réalisateur a indiqué qu'il était "impatient" de faire découvrir au public son travail, soulignant qu'il projette de prendre part à un concours national sur les documentaires, une manière, a-t-il appuyé, de "faire évaluer le travail par des professionnels", ne cachant pas son ambition de décrocher une des trois premières places. Pour rappel, le metteur en scène Soltane Djebaili avait obtenu la deuxième place au concours "jeunes arabes distingués" de l'année 2018 organisé par la Ligue arabe option création artistique, section cinéma documentaire. La bataille d'El Djorf, une étape phare de l'histoire de la Révolution Les moudjahidine avaient mené avec succès dans la wilaya de Tébessa plusieurs batailles contre le colonisateur français pour recouvrer la souveraineté nationale dont notamment "la grande bataille d'El Djorf" menée par plus de 400 moudjahid sous la houlette des commandants de la première zone militaire (Chihani Bachir, Abbès Laghrour, Adjel Adjoul, El Ouardi Ketal, et Farhi Saï, entre autres). Cette grande bataille est considérée comme une étape importante dans l'histoire de la zone militaire 1 du fait qu'elle réussi à "donner un grand éclat à la révolution naissante et à renverser la tendance au profit de la lutte pour l'indépendance et sa continuité", a indiqué à l'APS le moudjahid Laid Bouktaf. "Dans la bataille d'El Djorf qui a duré 4 jours, les chefs de la Révolution avaient surnommé leur tactique "tactique de l'assaut montagneux" qui consiste à utiliser les grottes et les rochers en attirant l'ennemi vers des sites où il lui sera difficile de tirer avantage de sa suprématie aérienne", a-t-il détaillé. L'armée française a encerclé le mont El Djorf par 40.000 soldats appuyés par l'artillerie et l'aviation, a-t-on rappelé, soulignant qu'au bout de 4 jours de résistance acharnée les djounoud de l'ALN ont fini par briser l'étau. Selon les témoignages, 700 soldats français ont été tués et 350 autres blessés dans cette bataille, et l'armée française, défaite, a dirigé ses représailles, comme à l'accoutumée, contre la population civile des villages et dechra de la région. Chargée d'héroïsme et de défi, la bataille d'El Djorf a contribué aux efforts d'internationalisation de la cause algérienne et a montré au monde que ce qui se passait en Algérie se déroulait sous une direction politique et militaire appuyée par tout un peuple. Cette bataille a également permis d'inscrire l'affaire algérienne dans l'ordre du jour de l'Assemblée générale des Nations unis, selon le même moudjahid.