La vice-présidente du Parlement européen (PE), Heidi Anneli Hautala, a appelé jeudi les députés européens à rejeter l'accord de pêche UE-Maroc qui viole le droit international et le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui, soulignant que "la réputation du Parlement européen et le destin du peuple sahraoui sont en jeu". L'eurodéputée, membre de la Ligue verte finlandaise, qui avait effectué les 3 et 4 septembre dernier, une visite de travail au Sahara occidental occupée et au Maroc, dans le cadre d'une mission de consultations, a dénoncé vigoureusement, dans une tribune publiée jeudi sur le site Eurobserver, les actions menées par la Commission européenne et le Maroc en vue d'exploiter "illégalement" les ressources naturelles sahraouies en violation des arrêts prononcés par la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE). Dénonçant la position affichée par l'UE à l'égard du conflit sahraoui, évoquant une "passivité" et une "complicité discrète avec la force d'occupation illégale de la dernière colonie en Afrique", Heidi Hautala a indiqué que "la Commission européenne a choisi de donner la priorité absolue à la préservation de ses relations avec son partenaire à Rabat, plutôt que de se conformer à la décision de la CJUE et de négocier un accord séparé avec le Front Polisario, représentant unique et légitime du peuple du Sahara occidental reconnu par les Nations unies". S'agissant des consultations menées par la Commission dans le cadre du renouvellement de l'accord de pêche UE-Maroc pour se conformer aux arrêts de la Cour de justice européenne, la vice-présidente du PE a fait observer que "la grande majorité des parties prenantes consultées était composée de Marocains ou de représentants locaux ayant un intérêt direct à préserver le statu quo". A ce propos, elle a signalé que sur "les 112 parties prenantes que la Commission prétendait avoir consulté, 94 d'entre elles ont refusé de participer à la consultation ou n'ont même jamais été invitées à de telles discussions". Pression et répression marocaines Heidi Hautala a fait part aussi de "pressions" exercées par les autorités marocaines sur la délégation de parlementaires européennes qui s'était déplacée début septembre dans les villes sahraouies occupées, notamment à Dakhla et Laâyoune. "Le programme de la visite avait été entièrement approuvé par les autorités marocaines, qui nous ont accompagnées à côté d'une flotte de +journalistes officiels+ lors de chaque réunion...", a-t-elle confié. En outre, la députée européenne a appris lors de cette mission que "les autorités marocaines étaient catégoriques quant à leur intention de continuer à étiqueter des produits issus du Sahara occidental occupé en tant que Marocains, alors que la décision de la CJUE avait exigé clairement que le Sahara occidental et le Maroc sont "deux territoires séparés et distincts". Ayant décidé de tenir une réunion supplémentaire avec des activistes sahraouis dans les territoires occupés, la vice-présidente du parlement européen a affirmé avoir constaté de graves violations des droits de l'Homme commises par les autorités marocaines. "(...) Certains militants sahraouis se retrouvent souvent à l'hôpital après avoir subi des brutalités policières ...", a rapporté Mme Hautala, ajoutant que durant son déplacement, elle avait eu à constater de visu ces "brutalités policières". Dans sa tribune, l'eurodéputée finlandaise a révélé également que certains membres de la délégation dépêchée par la Commission, "invitée à déguster une nourriture somptueuse par les autorités locales marocaines", ont déclaré qu"ils ne devraient pas s'opposer à l'accord proposé par le Maroc, car il (l'accord) générait des échanges commerciaux, des emplois et des revenus". "Cette déclaration ignore le fait fondamental que cet accord consoliderait l'annexion illégale du Sahara occidental par le Maroc et irait directement à l'encontre des efforts de paix menés par l'ONU en divisant le territoire du Sahara occidental en deux et en renforçant l'une des parties au conflit", a dénoncé la responsable de l'UE. Persuadée que la Cour de justice européenne va probablement révoquer cet accord, si jamais il sera adopté par le Parlement européen, Mme Hautala a appelé les députés européens à défendre "les principes du droit international au lieu d'approuver des accords qui violent clairement l'Etat de droit et le droit du peuple sahraoui de se réunir et d'exercer son autodétermination". "Notre réputation et le destin d'un peuple sahraoui sont en jeu", a-t-elle mis en garde.