Des réactions controversées ont suivi le remaniement ministériel partiel opéré "dans la précipitation" par le chef du gouvernement, Youcef Chahed, pour "sortir de la crise politique", mais qui reste en attente de vote de confiance jeudi à l'Assemblée des représentants du peuple (ARP - Parlement). Le bureau du Parlement devrait alors se réunir jeudi pour examiner la correspondance adressée par Youssef Chahed pour un vote de confiance concernant les nouveaux ministres de son cabinet, a indiqué le président de l'ARP, Mohamed Ennaceur. M. Chahed a annoncé un remaniement ministériel touchant 18 portefeuilles: 13 ministres et 5 secrétaires d'Etat, alors que les ministres des Affaires étrangères, de la Défense et de l'Intérieur restent à leurs postes. Il a précisé avoir opéré ce remaniement conformément aux attributions qui lui sont dévolues par la Constitution pour "conférer davantage d'efficience à l'action du gouvernement" et pour former "une équipe gouvernementale solidaire et responsable qui peut assurer la stabilité dans le pays, résoudre les questions brûlantes et sortir de la crise politique". Dans ses concertations, a-t-il poursuivi, Chahed s'est contenté d'inclure les partis politiques ayant manifesté la volonté de rejoindre la nouvelle composition du gouvernement. Le reste de la famille politique et même le président de la République n'ont pas été consultés, a-t-il regretté. Et de rappeler "Onze membres du gouvernement sont issus du mouvement Nidaa Tounes sachant que Chahed ne s'est pas concerté avec les dirigeants de ce parti". De son côté, le secrétaire général de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), Noureddine Tabboubi a qualifié la nouvelle composition du gouvernement "de coalition partisane", indiquant dans une déclaration aux médias que la centrale syndicale n'a pas participé au choix des nouveaux membres du gouvernement. Deux experts sollicités par l'agence TAP pour donner leurs avis à propos de ce remaniement, ont considéré que le changement des ministres, quelques jours avant le démarrage des discussions sur les projets du budget de l'Etat et de la loi des finances pour l'exercice 2019, pourrait engendrer certaines perturbations étant donné que les ministres limogés ont supervisé l'élaboration de ces budgets. L'économiste et universitaire Ridha Chkoundali a indiqué que Chahed devrait présenter "un nouveau programme du gouvernement comportant plusieurs points relatifs à la réduction de la détérioration du dinar, l'aggravation du déficit de la balance commerciale ainsi que la prise de mesures permettant de limiter la hausse des prix et la réduction de l'endettement". En contrepartie, il a considéré que le Chef du gouvernement a lancé "un message positif aux investisseurs étrangers, mettant fin aux tiraillements politiques, en aboutissant à la stabilité, dont ont besoin les investisseurs". Pour ce qui concerne l'aspect constitutionnel, Kais Saied professeur de droit constitutionnel a estimé que le différend politique risque de se compliquer davantage si le président de la République refuse de signer le décret de nomination des nouveaux ministres et s'il reporte la cérémonie de prestation de serment sans en fixer la date". Car, a-t-il rappelé, l'article 89 stipule que les nouveaux membres du gouvernement sont appelés à prêter serment devant le président de la République.