La ministre de l'Environnement et des Energies renouvelables, Fatima Zohra Zerouati, a fait état, mardi à Alger, de l'inscription dans le projet de la loi de Finances 2020 de l'Observatoire nationale de la biodiversité (ONB), qui constitue "un solide mécanisme" à même de préserver le capital naturel et la biodiversité de l'Algérie. L'ONB regroupera des compétences nationales capables de trouver des mécanismes pour la sauvegarde de la richesse naturelle du pays et sa protection contre le piratage", a-t-elle précisé lors d'une journée d'information, organisée à l'occasion de la Journée internationale de la biodiversité, célébrée le 22 mai de chaque année. Après avoir rappelé la stratégie et le plan d'action nationaux sur la biodiversité 2016-2030, sous le thème "biodiversité pour le développement socio-économique durable et l'adaptation aux changements climatiques", la ministre a fait savoir que l'objectif de son Département était "l'intégration de la biodiversité dans les stratégies et plans d'action des différents ministères, à l'instar de l'Energie, de l'Industrie, de l'Agriculture et du Tourisme". Mme. Zerouati a évoqué, dans ce sens, l'installation de la commission intersectorielle de la biodiversité, comptant aujourd'hui 25 secteurs, ayant pour mission, a-t-elle dit, le suivi, l'évaluation et la mise en œuvre de la stratégie nationale, ainsi que l'assistance des différents secteurs dans l'élaboration de leurs plans d'action afférents. Pour ce faire, le secteur de l'Environnement organisera en juin prochain, en collaboration avec le programme de l'Onu pour le développement (PNUD), un master-class au profit des représentants des secteurs sur les méthodes d'intégration de la biodiversité dans leurs stratégies sectorielles, a-t-elle expliqué. Pour rappel, la stratégie et le plan d'action nationaux sur la biodiversité 2016-2030 reposent sur quatre principaux axes, à savoir l'adaptation du cadre institutionnelle, stratégique et juridique, le développement, le partage et la valorisation des connaissances pour un développement durable global, outre la préservation et l'amélioration du capital naturel algérien, et la valorisation de la biodiversité pour une économie verte. Plus explicite, la ministre a cité, entre autres objectifs de cette stratégie, l'investissement dans les écosystèmes naturels de grande valeur, notamment la valorisation des filiales principales de la biodiversité qui contribuent à la création des postes d'emploi permanents, à la réalisation de bénéfices pour les autochtones et à la limitation de l'importation dans le cadre du nouveau modèle de croissance économique hors hydrocarbures. Soulignant le rôle crucial de biodiversité dans la sécurité alimentaire, et par ricocher, dans la santé de l'homme, la ministre a indiqué que toute l'industrie pharmaceutique reposait sur la biodiversité, en ce sens que 40% des médicaments prescrits par les médecins contiennent des composantes végétales et animales. En Algérie, la biodiversité constitue une source importante pour de nombreux secteurs économiques, particulièrement l'Agriculture et la pêche ainsi que l'industrie. La ministre a fait savoir, à ce propos, que parmi les plus importants éléments de cette biodiversité, on dénombre 16000 espèces végétales, dont seulement 1% est utilisé dans l'économie national, plus de 1000 espèces aux vertus médicinales et 700 plantes indigènes outre 4.963 espèces animales, soulignant l'existence également d'un large réseau de réserves, y compris les parcs culturels, couvrant 44% de la superficie du pays. La ministre a affirmé, cependant, que ce patrimoine naturel est exposé à plusieurs menaces, notamment "le manque de ressources biologiques, le piratage animal ou biologique, l'augmentation de la population, la pollution due aux insecticides et à la consommation excessive des engrais chimiques outre les changements climatiques". Par ailleurs, la représentante du programme "Gouvernance environnementale et de la biodiversité", Dalila Fedoua a indiqué, dans son intervention, que ce programme allemand, lancé en 2014, vise à diffuser la culture de la biodiversité dans les wilayas de Annaba et d'El Tarf, notamment dans la réserve d'El Kala. Dans ce cadre, cinq coopératives au profit de la femme rurale ont été créées et plusieurs ateliers et exercices pratiques organisés sur le traitement des richesses végétales. A cette occasion, deux coopératives de femmes rurales d'El Tarf se sont vues offrir des équipements d'extraction d'huiles de plantes. De son côté, le Pr. Aissa Abdelkerfi a tiré la sonnette d'alarme sur les déséquilibres des écosystèmes à travers le monde, soulignant que les méthodes adoptées en matière d'agriculture, d'équipement, de transport et de consommation constituent les principales causes de l'appauvrissement de la biodiversité et figurent également parmi les facteurs contribuant aux changements climatiques. Concernant le piratage biologique, le spécialiste a indiqué que l'Algérie n'était à l'abri de ce genre d'actes condamnables, notamment de la part de certains touristes.