Les violences ont repris à Santiago, en dépit d'un léger remaniement gouvernemental, qui n'a pas réussi à apaiser la crise sociale. Quelques heures à peine après les déclarations du chef de l'Etat, de violents heurts entre manifestants et forces de l'ordre avaient lieu dans le centre de la capitale, non loin du palais présidentiel de La Moneda. Un rassemblement pacifique de plusieurs milliers de personnes sur la Plaza Italia, devenue l'épicentre des manifestations depuis le début de la contestation sociale, a progressivement laissé place à de violents heurts, alors que des groupes de protestataires radicaux souhaitaient se rendre jusqu'au siège du gouvernement. "Pinera démission!", criaient les manifestants que la police tentait de contenir à coup de gaz lacrymogène et de lances à eau. Quelques commerces ont été pillés, tandis qu'un violent incendie a touché un immeuble abritant un centre commercial, plusieurs boutiques et un hôtel, rappelant les violences qui avaient éclaté aux premiers jours de la contestation le 18 octobre. Alors que la capitale avait semblé retrouver dans la matinée une certaine normalité, avec la réouverture de nombreux commerces et des embouteillages, le centre-ville a rapidement été déserté dès les premières fumées des barricades incendiées. Quelques affrontements ont également été rapportés par les médias locaux dans les villes de Concepcion (centre) et Valparaiso, où se trouve le siège du Parlement. "Il ne s'agit pas de gens qui veulent la justice sociale, qui veulent que les choses aillent mieux, ce sont des gens qui veulent la destruction, le chaos", a réagi Karla Rubilar, la nouvelle porte-parole du gouvernement, qui a toutefois exclu un rétablissement de l'état d'urgence, levé depuis dimanche à minuit. Comme annoncé dès samedi, au lendemain d'une mobilisation historique contre les inégalités socio-économiques qui avait rassemblé plus d'un million de personnes dans le pays, le président Pinera a procédé à un renouvellement de son gouvernement. Huit ministres, dont ceux très critiqués de l'Intérieur, de l'Economie et des Finances ont été remplacés, soit un tiers du gouvernement. "Ces mesures ne résolvent pas tous les problèmes, mais il s'agit d'un premier pas important", a déclaré M. Pinera. "Elles reflètent la ferme volonté de notre gouvernement et l'engagement fort de chacun d'entre nous en faveur d'un Chili plus juste et plus équitable sur le plan social", a ajouté le président conservateur.