Les cinq candidats à l'élection présidentielle du 12 décembre prochain ont placé le lancement de réformes politiques profondes parmi les priorités majeures dans leurs programmes électoraux respectifs, à travers l'instauration d'un large dialogue national, auquel seront conviées toutes les forces vives du pays. Azzedine Mihoubi, promet que les reformes politiques qui seront engagées "répondront aux revendications populaires exprimées par la majorité des citoyens" durant le Hirak, en consacrant l'Etat de droit et garantissant la justice sociale. A ce titre, un "large débat national" sera organisé avant d'engager un processus de révision de la Constitution, précise le programme du candidat à la magistrature suprême. Selon le candidat du Rassemblement national démocratique (RND), la nouvelle Constitution consacrera, notamment, "la séparation et l'équilibre des pouvoirs et affirmera le contrôle de l'action de l'exécutif par le législatif". Elle consacrera aussi "l'indépendance de la justice en accordant l'autonomie du Conseil supérieur de la magistrature par rapport au Président de la République". Une nouvelle Constitution "renforcera" le rôle et le pouvoir des institutions de la République, les organes de contrôle bénéficieront d'une "totale indépendance", leurs missions respectives "seront désormais orientées vers la défense des intérêts de la nation et non des personnes". Le réformes concerneront également le parlement qui verra son "rôle renforcé par sa consultation systématique, par le pouvoir exécutif, sur les grandes décisions à engager au nom de l'Etat algérien". Le programme de Azzedine Mihoubi prévoit, en outre, un nouveau mode de gouvernance qui sera mis en oeuvre dont l'objectif est de "renforcer" la confiance du citoyen en ses institutions. Pour sa part, Abdelmadjid Tebboune, aspire à l'instauration d'une "nouvelle République répondant aux aspirations du peuple". Dans son programme électoral, il évoque une constitution "révisée et remaniée en profondeur" qui consacre la démocratie, une "séparation stricte" des pouvoirs, le renforcement des pouvoirs de contrôle du Parlement, et le "fonctionnement harmonieux" des institutions. L'objectif consiste, également, à protéger les droits et libertés du citoyen, éviter toute dérive autocratique à travers la mise en place de "contrepouvoirs" efficaces, consacrer "l'inviolabilité et l'immuabilité" de la limitation du mandat présidentiel à un seul renouvelable une fois, "limiter" l'immunité parlementaire aux actes et propos intervenant dans le cadre de l'activité parlementaire. La refonte du dispositif d'organisation des élections, à savoir le code électoral, figure également dans le programme du candidat Tebboune, à travers la définition "avec rigueur" des critères et conditions exigées des candidats à l'élection aux assemblées locales, de wilaya et nationales ainsi qu'à l'élection présidentielle. Le programme de l'ancien Premier ministre prévoit aussi de favoriser l'émergence d'une "nouvelle génération d'élus compétents et intègres", "bannir définitivement" la collusion entre argent sale et politique par des dispositions pénales. Il projette également une réforme "globale" de l'Etat dans "tous ses démembrements et ses institutions" de la République et assurer ainsi l'avènement d'un Etat de droit au service du peuple, un Etat moderne, efficace et légitime par sa performance et un Etat stratège promoteur de développement et garant de intérêt général. Abdelaziz Belaid prône, de son côté, l'édification d'institutions "en mesure de refléter la puissance et la place de nouvelle République", en s'engageant pour une révision de la Constitution ainsi que l'"ensemble de textes législatifs relatifs aux réformes". Pour ce faire, il promet l'ouverture d'"espaces et création de centres d'écoute favorisant les débats et l'encouragement du dialogue à tous les niveaux afin de déterminer les repères et fondements de l'Algérie nouvelle", selon son programme. Le candidat du Front El-Moustakbal s'est engagé à ouvrir un dialogue "sérieux, sans exclusive avec l'ensemble des Algériens" pour diagnostiquer la situation en prévision de l'édification d'une "nouvelle République bâtie par les Algériens et fondée sur l'égalité, le travail et la loi". Il promet, en ce sens, d'ouvrir de grands chantiers pour la révision de l'ensemble des textes réglementaires et à leur tête la Constitution en la hissant au niveau de "la Nouvelle République que nous allons édifier avec tous les Algériens". Le candidat du parti Talaie El-Houriyet, Ali Benflis, soutient que son programme électoral se veut "une transition globale" dont l'objectif est "la modernisation politique, économique et sociale du pays", répondant aux aspirations "justes et légitimes" du Hirak. Il fixe, dans ce cadre, un ensemble de priorités pour "remettre au plus tôt l'Etat national en ordre de marche" avec, en premier lieu, des "institutions légitimes du sommet à la base", et en mobilisant le peuple autour d'un "projet national" dans lequel il pourra voir une "traduction fidèle" de ses ambitions et de ses aspirations. Le candidat propose, à cet effet, "une transition politique sous la forme d'une transition démocratique", reposant sur "sept chantiers prioritaires: institutionnel, constitutionnel et judiciaire, ainsi que des chantiers sur les libertés, les droits, les médias, la moralisation de la vie publique en général et de la vie politique en particulier, ainsi que la gouvernance moderne". Selon lui, il s'agit, tout particulièrement, de "transformer l'Etat national en un Etat de droit ainsi que de la refonte des ordres constitutionnel et institutionnel de manière telle que l'exercice des responsabilités politiques soit soumis, en permanence, au contrôle". Le candidat du mouvement El-Bina, Abdelkader Bengrina, promet, de son coté, de bâtir une "Algérie nouvelle" à travers des réformes politiques et constitutionnelles "profondes" dans le cadre d'un dialogue national "global, représentatif et sans exclusive", ouvert à tous les acteurs quelle que soit la tendance. Ce dialogue sera un espace qui permettra à toutes les franges de la société de faire des propositions dans un cadre "démocratique" et dans la "transparence", en vue de sortir le pays de la crise et retrouver la dynamique de développement.