Le Centre anti-cancer (CAC) de Annaba va recourir cette année à un nouveau système de traitement de radiothérapie axé sur l'exploitation de technologies novatrices dans le domaine,notamment la "radiothérapie Stéréotaxique", pour la prise en charge de 4 000 patients actuellement traités au centre qui enregistre un total de 1 400 nouveaux cas chaque année. Dans cette perspective, les travaux sont en cours pour se familiariser avec cette technique de haute précision basée sur l'utilisation de microfaisceaux convergents permettant d'irradier à forte dose la tumeur sans endommager les tissus ou les organes sains, en coopération avec une équipe médicale canadienne de l'hôpital d'Ottawa, qui a visité les 8 et 9 janvier dernier le CAC de Annaba et discuté avec l'équipe médicale locale au sujet des mesures techniques et organisationnelles nécessaires, a-t-elle précisé. Cette technologie innovante permettra, selon la responsable du service de radiothérapie de ce centre, Pr. Lilia Naoun, d'obtenir de meilleurs résultats dans le traitement des tumeurs cancéreuses, en particulier celles apparaissant à la fin du traitement classique (chimiothérapie et radiothérapie) et une meilleure qualité de vie, en particulier chez les jeunes patients, les enfants et les jeunes adultes notamment, présentant des tumeurs secondaires cérébrales, hépatiques, pulmonaires ou osseuses, a souligné la même source. "Les échanges entre les équipes médicales locales et canadiennes s'inscrivent dans le cadre d'un partenariat scientifique visant à développer les champs d'exploitation des technologies innovantes dans le domaine médical", a déclaré cette spécialiste qui a fait état d'un programme de formation à l'aide des visioconférences, en plus de débattre et étudier les dossiers des patients pour adopter le traitement approprié. Depuis son ouverture en juillet 2015, le service de radiothérapie traite quotidiennement environ 140 patients par radiothérapie classique avant de recourir durant les trois dernières années à la radiothérapie par modulation d'intensité (IMRT) pour le traitement des tumeurs de la sphère ORL (oto-rhino-laryngée) et de la prostate, et ce, conformément aux recommandations médicales internationales et celles des associations de lutte contre le cancer, a-t-on fait savoir. Toutefois, après cinq années d'activités, le service de radiothérapie accuse jusqu'à présent un manque criant en spécialistes, avec seulement deux physiciens pour assurer la radiothérapie ce qui se traduit par un espacement des rendez-vous jusqu'à 5 à 6 semaines pour programmer les séances d'irradiation des malades dont 40% sont des enfants. 1.400 nouveaux cas de cancer enregistrés chaque année D'après les statistiques du service de radiothérapie, le cancer du sein arrive en tête avec 60% du total des patients traités, suivi des cancers du côlon et de la prostate, tandis que la leucémie représente le type de cancer le plus répandu chez les enfants suivi par les tumeurs cérébrales, avec 47 cas actuellement soignés par radiothérapie. Au total, 4 000 patients atteints de cancer (tous types confondus) sont actuellement traités au CAC de Annaba qui enregistre un total de 1 400 nouveaux cas chaque année. A ce propos, Pr. Lilia Naoun et Pr. Hanane Djeddi, responsable du service de chimiothérapie, soutiennent que "le plus grand défi en matière de système de santé et de stratégie nationale de lutte contre le cancer reste le dépistage précoce de la pathologie". Et d'ajouter : "La majorité des malades qui arrivent au CAC sont déjà à un stade avancé de la maladie (stades 3 et 4), en particulier pour les cancers du côlon et du poumon, dont 90% des cas enregistrés à Annaba sont à un stade très avancé (stade 4), contrairement aux pays européens et au Canada où le pourcentage des malades du cancer diagnostiqués à un stade avancé oscillent entre 10 à 25%". Estimant, par ailleurs, que les campagnes de sensibilisation en faveur du dépistage précoce du cancer du sein ont donné des résultats "encourageants" ayant permis de diagnostiquer des patientes dont le cancer est au premier stade, Pr. Djeddi plaide pour la poursuite de cette approche pour remporter le pari du dépistage précoce qui se répercute indéniablement sur la qualité et le coût du traitement du malade. Outre les enjeux liés à au dépistage précoce, le CAC de Annaba aspire, après 5 ans d'existence, à ouvrir un service de médecine nucléaire et consacrer un espace pour opérer le cancer du sein et d'autres espaces pour le cancer infantile, a révélé Pr. Djeddi qui a relevé l'absence pour l'heure d'un service réservé à la greffe de la moelle osseuse. Afin de concrétiser de tels projets, la responsable du service de chimiothérapie soutient que le CAC de Annaba, relevant du centre hospitalo-universitaire de Annaba sur le plan budgétaire, doit devenir autonome en matière de gestion et de financement afin de pouvoir réaliser ses objectifs et développer ses activités médicales. Elle a également déploré de devoir quotidiennement gérer de problèmes secondaires (manque de personnel chargé de l'hygiène, indisponibilité des ambulances pour transporter les malades...) au lieu de se consacrer pleinement au traitement des patients et aux questions d'ordre médicales. Par ailleurs, en dehors de l'accompagnement médical et psychologique fourni par le CAC de Annaba, les malades du cancer ont aussi besoin de soutien de la société par le biais des associations et de bienfaiteurs, selon Mohcène Wahid, membre d'une association d'aide aux malades du cancer de Annaba qui estime que la prise en charge de ces patients nécessite des moyens dont ne disposent pas les associations. Mis à part la résidence destinée aux malades du cancer de la commune d'El Hadjar, créée par un généreux donateur avec une capacité de 22 lits pour les patients en cours de traitement et leurs proches venant de wilayas voisines et éloignées, l'activité associative est n'est pas encore à la hauteur de la prise en charge que requièrent ces patients, a ajouté M. Mohcène. Saluant la qualité des prestations de l'équipe médicale du CAC, Nabila S. de Biskra qui accompagne son fils pour subir une radiothérapie, déplore, pour sa part, l'absence d'aide des associations, en particulier en faveur des plus démunis venant de wilayas lointaines.