En première ligne, au même titre que les soignants dans les établissements de santé et les services de sécurité, les éboueurs de Constantine, à l'avant-poste de la bataille sanitaire contre le Covid-19, tentent de s'adapter aux nouvelles règles de distanciation sociale, dans un environnement inapproprié eu égard aux conditions extrêmement pénibles de ramassage de sacs de poubelles parfois éventrés par des chiens errants. Souvent mal équipés, sans bavette, munis seulement de paires de gants, les éboueurs veillent actuellement davantage encore au ramassage des ordures domestiques pour éviter leur amoncellement, au moment où des campagnes de désinfection des quartiers sont effectuées par les autorités pour lutter contre le nouveau coronavirus. Ces agents d'entretien ont davantage de mérite à Constantine, où seulement trois entreprises sont en charge à l'heure actuelle du ramassage des déchets en l'absence des 35 entreprises privées qui venaient auparavant en appoint, a indiqué à l'APS Charaf Bensari, élu à l'assemblée populaire communale de cette ville et ancien vice-président de la commission chargée de l'hygiène, de l'assainissement et des moyens généraux. Un équipement pourtant "nécessaire", selon Ahmed, 46 ans, exerçant comme éboueur depuis plus de 17 ans et qui a manifesté, sa "colère face à l'incivisme et la nonchalance des citoyens qui ne se donnent pas tous la peine de mettre leurs déchets dans des sacs poubelles fermés, et qui jettent leurs masques et leurs gants chirurgicaux à même le sol". Exerçant dans une cité périphérique de la ville de Constantine, ce père de famille de cinq enfants ne cache pas sa crainte d'être infecté par le nouveau coronavirus et de contaminer ses enfants en l'absence de masques de protection et d'équipements appropriés, étant donné, dit-il, "la qualité importante de détritus que nous collectons quotidiennement dans des conditions exécrables". Et de poursuivre : "l'incivisme de certains citoyens et leur refus de se conformer aux horaires de ramassage des ordures ne font que rendre plus ardue la tâche des soldats de l'hygiène".