Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et du Croissant-Rouge ont exhorté les Etats à adhérer au Traité sur l'interdiction des armes nucléaires pour garantir que les bombardements atomiques d'Hiroshima et Nagasaki (Japon), ne se reproduisent plus. "Soixante-quinze (75) ans après les tragiques événements de 1945 qui avaient fait 70 000 morts et causé d'effroyables lésions à des dizaines de milliers d'autres, le CICR et le Croissant-Rouge se souviennent des faits", a écrit le CICR sur son site. Alors que le monde s'apprête à commémorer le 75e anniversaire du drame, "le risque d'un affrontement nucléaire aujourd'hui est plus tangible que jamais depuis la fin de la guerre froide", a ajouté le CICR. "Les accords d'élimination des arsenaux existants sont abandonnés à mesure que de nouvelles armes nucléaires sont mises au point, mettant l'humanité sur la voie dangereuse d'une nouvelle course aux armements nucléaires", regrettent les organisations. Ces évolutions, souligne-t-on, rendent d'autant plus "urgents" les efforts de la communauté internationale pour "interdire" et "éliminer "ces armes" inacceptables". Comme le démontrent irréfutablement leurs effets catastrophiques, il est extrêmement douteux qu'elles puissent être utilisées dans le respect du droit international humanitaire, ajoute-t-on. "Aujourd'hui, le spectre d'un conflit nucléaire semble appartenir au passé. Pourtant, le risque que de telles armes soient de nouveau utilisées est élevé. On voit en effet des Etats se retirer des traités visant à réduire les arsenaux nucléaires et à limiter les risques liés à leur prolifération", a déploré Peter Maurer, président du CICR. Et d'ajouter: "De nouveaux types d'armes sont mis au point, des menaces sérieuses sont brandies. Nous assistons à une véritable course aux armements et c'est effrayant. Il est de notre devoir d'encourager les Etats à interdire les armes nucléaires et d'inciter ceux qui en possèdent déjà à négocier de bonne foi les étapes qui mèneront à leur élimination". La président de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (Fédération internationale), Francesco Rocca, a, de son côté, expliqué qu'"en cas d'explosion nucléaire, la communauté internationale serait incapable de venir en aide à l'ensemble des survivants". "Face au nombre incalculable de personnes irradiées, à la chute de la production alimentaire et à l'ampleur des dégâts et de la contamination, aucune opération humanitaire, si efficace soit-elle, ne suffirait à répondre aux besoins. Aucun pays n'est prêt pour une confrontation nucléaire", a-t-elle dit. Plus de 14 000 bombes atomiques sur la planète En juillet 2017, 122 sur 192 Etats ont signé le Traité sur l'interdiction des armes nucléaires. Pour pouvoir entrer en vigueur, ce Traité doit être ratifié par 50 pays. A ce jour, 40 ont franchi le pas. Ce traité interdit de mettre au point, tester, fabriquer, posséder, stocker, transférer, employer ou menacer d'employer des armes nucléaires. Pour les puissances nucléaires qui y adhèrent, il établit un cadre assorti de délais précis en vue de l'abandon vérifié de leur programme d'armement nucléaire. M. Maurer et M. Rocca ont félicité les Etats qui ont d'ores et déjà adhéré au Traité sur l'interdiction des armes nucléaires. Ils ont encouragé tous les autres à suivre le même exemple pour garantir que les tragiques événements de 1945 ne se reproduisent plus jamais. Les deux responsables ont rappelé à quel point il est crucial que ce traité devienne "une nouvelle norme du droit international humanitaire". "Il n'a jamais été aussi urgent, depuis la fin de la guerre froide, d'attirer l'attention sur les conséquences catastrophiques et la profonde inhumanité des armes nucléaires. Il faut souligner, sans la moindre trace d'ambigüité, que leur emploi serait inacceptable d'un point de vue humanitaire, moral et juridique et ce, quelles que soient les circonstances", a rappelé M. Rocca. On recense aujourd'hui sur la planète plus de 14 000 bombes atomiques, dont des milliers n'attendent qu'à être lancées. Beaucoup de ces ogives sont des dizaines de fois plus puissantes que celles des engins largués sur Nagasaki et Hiroshima. "Des armes susceptibles de causer un désastre humanitaire ne sauraient être considérées comme des instruments crédibles d'une politique de sécurité", a conclu M. Maurer.