La presse espagnole a largement rendu compte de l'agression militaire marocaine menée vendredi à El-Guerguarat au Sahara occidental, ayant entrainé la fin du cessez-le-feu en vigueur dans la région depuis 1991. La majorité des journaux du week-end ont fait écho aux déclarations des dirigeants sahraouis et aux communiqués de guerre publiés par le Front populaire de Libération de la Saguia El Hamra et du Rio de Oro (Polisario), annonçant "la fin de la trêve militaire avec les forces de l'occupation et le pilonnage de plusieurs postes d'observation marocains durant le week-end le long du mur barrière érigé par le Maroc sur 1300 kms". Le correspondant d'El Pais à Rabat, Francisco Perejil a rapporté que les autorités marocaines ont "gardé le silence" sur le bilan de ces attaques qui auraient fait plusieurs victimes mortelles. Dans une déclaration à EFE (Agence de presse officielle espagnole), une "source marocaine" s'est contentée de nier cette information. Pour sa part, El Mundo rapporte que "le climat dans les camps de réfugiés de Tindouf est à la mobilisation, beaucoup de jeunes s'étant porté volontaires pour prendre part à cette étape de la dignité". Le journal ABC a fait état de manifestations de soutien des populations sahraouies au mouvement d'indépendance "dans les villes occupés par le Maroc, notamment à Laâyoune où des dizaines de camions militaires ont investi la capitale pour réprimer les civils". L'analyste du journal Publico n'est pas allé par le dos de la cuillère en interpellant la communauté internationale : "l'Espagne, l'ONU et le reste des acteurs impliqués de la France aux Etats-Unis, ont une nouvelle opportunité, après 45 ans de temps perdu, pour suivre le cours de l'histoire afin d'éviter un bain de sang et répondre comme il se doit à cette énième provocation de Mohamed VI". Il y a dans cette interpellation une allusion à la responsabilité historique de l'Espagne dans le genèse du conflit du Sahara occidental et du calvaire enduré par le peuple sahraoui lorsque l'Espagne s'est retirée du territoire sans mener le processus de décolonisation à son terme. Vendredi, aux premières heures de l'aube, le Maroc a mené une agression militaire dans la zone tampon d'El-Guerguerat en procédant à l'ouverture de trois nouvelles brèches illégales en violation de l'accord de cessez-le-feu, signé en 1991 entre les deux parties au conflit (le Maroc et le Front Polisario).