Des psychologues ont observé un changement "sensible" dans le comportement citoyen face au coronavirus, en passant d'un état de panique, au début de la pandémie, à une sorte d'apaisement voire de prise de conscience, les dernières semaines, dans la riposte au risque de contamination. Dans ce cadre, la psychologue, Rachida Merad-Boudia, a affirmé que l'attitude du citoyen algérien avait changé depuis l'apparition de l'épidémie, dans la mesure où il songe depuis quelque temps déjà à la riposte alors qu'il était dans un état d'inquiétude et de panique lors de la première phase de la pandémie. Mars passé, un nouveau phénomène était venu bouleverser la société, la propagation du virus a suscité une sorte de frayeur et d'inquiétude chez le citoyen. Trois mois plus tard, l'OMS avait affirmé que le virus affectait principalement l'immunité, et depuis, les seniors avaient compris que le coronavirus "n'affectait que les personnes âgées et celles présentant des comorbidités", a-t-elle expliqué. En apprenant, par la suite, l'augmentation de cas positifs, le citoyen a développé des symptômes de psychose, ce qui a amené justement au respect des orientations des pouvoirs publics portant application des mesures de prévention et des gestes barrières. Pour Mme. Merad-Boudia, la maladie n'ayant exclu aucune catégorie sociale, et maintenant que bien des informations sont relayées au sujet du vaccin découvert, le citoyen a développé une autre attitude caractérisée par une banalisation de mort. En effet, c'est également un trouble anxieux généralisé (TAG) qui a motivé, tout récemment, "la prise en charge des symptômes post-contamination, à savoir la fatigue et la déconcentration (parmi les fonctions mentales)", a-t-elle précisé. Cette phase, poursuit la spécialiste, exige des examens médicaux pour évaluer le taux d'exposition de ces fonctions à des troubles et les prendre en charge, en prescrivant des compléments alimentaires et en recommandant au malade, après convalescence, "d'observer un repos total et de s'éloigner du bruit, tout en pratiquant des activités sportives". De son côté, Mohand Tayeb Benatmane, chef du service psychiatrie à l'EHU Mustapha Pacha a relevé une grande affluence, ces derniers jours, des personnes rétablis de la Covid-19 au service, ce qui traduit "le degré de conscience de la société face au virus". En quête de prise en charge médicale psychiatrique, ces patients souffrent de dépression et de troubles du comportement, dont certains craignent de contracter à nouveau le virus, a-t-il précisé. Cette consultation spécialisée est sollicitée notamment par la tranche d'âge 25-40 ans, étant la catégorie active dans la société, a précisé le spécialiste, indiquant que de nombreux citoyens suivent les conseils que publient les services de psychiatrie sur les réseaux sociaux. Après avoir assisté à la contamination de familles entières au Covid-19, au décès de proches, et aux multiples actions préventives prises par les pouvoirs publics, l'Algérien "a acquis un degré de conscience". Il se conforme désormais à ces mesures de prévention pour préserver sa santé et sa vie, a ajouté le spécialiste. C'est tout le contraire des premiers jours de l'épidémie, où, poursuit le même spécialiste, un état d'incurie et d'insouciance fut observé face au virus. L'enseignante universitaire, Belkacem Houria Ahcène Djaballah, spécialiste en psychologie, a observé, à son tour, qu'une catégorie de citoyen respectait les mesures préventives et portait la bavette, par souci de protéger sa santé et celle des autres et s'abstient de sortir à l'extérieur, "sauf en cas de nécessité absolue". Mais, poursuit-t-elle, il existe une culture prévalant chez le citoyen, qui n'admet pas l'idée de ne pas assister aux enterrements et une autre catégorie qui organise toujours des occasions de fêtes, bien qu'elles font l'objet d'une interdiction totale par les pouvoirs publics. Une autre catégorie, parmi ceux travaillant dans les institutions de l'Etat, fait montre d'une insouciance criarde, augmentant ainsi le risque de propagation du virus, a-t-elle ajouté. Concernant l'état de psychose qui s'est accaparé de la société au tout début de l'apparition du virus, l'enseignante estime que cet état "s'est dissipé et ne se manifeste chez l'individu que lorsque un de ses proches ou de son environnement est atteint du virus". Faisant observer un certain état de conscience chez le citoyen, ces derniers mois, la même spécialiste déplore, toutefois, l'existence d'une autre catégorie qui s'estime suffisamment immunisée contre ce virus, notamment les jeunes. Mme Houria Ahcène Djaballah a appelé, par ailleurs, à la nécessité d'une prise en charge psychologique des personnes rétablies de la Covid-19.