Les participants au dialogue interlibyen, facilité par l'ONU, entament lundi un nouveau cycle de pourparlers en Suisse pour choisir un nouveau Premier ministre et un Conseil présidentiel, qui seront chargés d'assurer la transition dans le pays en crise d'ici les élections prévues en décembre. Les 75 représentants libyens de tous bords participant au Forum de dialogue politique vont se réunir du 1 au 5 février pour se prononcer sur une liste de 45 candidats, dévoilée samedi par la mission de l'ONU en Libye (Manul). Ils "voteront pour choisir le Conseil présidentiel, qui sera composé de trois membres, et un Premier ministre, assisté de deux adjoints", selon l'ONU. Ce conseil transitoire aura pour mission de "réunifier les institutions de l'Etat et assurer la sécurité" jusqu'aux élections annoncées pour le 24 décembre. La liste des candidats au Conseil présidentiel, qui comprend trois femmes, a elle-même été approuvée par les participants à ce dialogue. Dans l'Ouest, le ministre de l'Intérieur Fathi Bachagha du gouvernement d'union libyen (GNA), reconnu par l'ONU, est candidat au poste de Premier ministre, tout comme le vice-président du Conseil présidentiel Ahmed Meitig. Le président du Haut Conseil d'Etat (l'équivalent d'une chambre haute) Khaled Al-Mechri se présente au Conseil présidentiel. Dans l'Est, le juriste et président du Parlement de Tobrouk, Aguila Saleh, brigue le poste de Premier ministre. Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a salué les progrès accomplis dans les négociations, tout en réitérant son appel à un départ des militaires étrangers et des mercenaires présents dans le pays et qui auraient dû partir au plus tard le 23 janvier en vertu de l'accord de cessez-le-feu. L'embargo sur les armes imposé à la Libye continue quant à lui d'être violé aujourd'hui, avec des arrivées qui se poursuivent d'avions-cargos, selon l'ONU. La réunion de lundi à Genève débutera par une allocution de la représentante spéciale de l'ONU par intérim, l'Américaine Stéphanie Williams, suivie par des présentations des candidats au Conseil présidentiel, selon le programme. Bien qu'un nouvel émissaire onusien pour la Libye, en l'occurrence le Slovaque Jan Kubis, ait été récemment nommé, c'est toujours Stéphanie Williams qui chapeaute les difficiles pourparlers interlibyens. Le 13 novembre à Tunis, des pourparlers interlibyens ont débouché sur un accord pour une présidentielle le 24 décembre 2021, mais pas sur le mécanisme de désignation d'un exécutif unifié pour assurer la transition jusqu'au scrutin. Le forum a ensuite tenu plusieurs cycles de pourparlers et a approuvé, le 19 janvier, le mécanisme de sélection de l'autorité exécutive intérimaire. Après approbation, les Nations unies ont annoncé un délai d'une semaine pour la présentation des candidatures, qui s'est terminé le 28 du même mois. La Libye est, depuis des années, en proie à des violences. Mais un accord de cessez-le-feu a été conclu le 23 octobre 2020 entre les deux camps rivaux, à l'est représenté par le maréchal Khalifa Haftar et à l'ouest à Tripoli par le GNA, reconnu par l'ONU, et dirigé par Faiz al-Sarraj. Le Comité consultatif issu du Forum de dialogue politique libyen, a approuvé, le 19 janvier, une formule consensuelle et un arrangement proposé par les Nations Unies, sur les mécanismes de nomination et de sélection de l'autorité exécutive de transition, l'un basé sur les régions et l'autre sur des listes prédéfinies. Le mécanisme proposé, selon la note d'information de CrisisGroup, est basé sur la division des 75 membres du Forum en trois composantes électorales réparties sur les trois régions historiques de la Libye (Tripoli à l'ouest, Barqa à l'est et Fezzan dans le sud), et chaque groupe élit un représentant de sa région au Conseil présidentiel. Et pour remporter un siège au Conseil présidentiel, le candidat doit obtenir l'approbation d'au moins 70% des voix du groupe sous régional. Les 75 membres du Forum élisent un Premier ministre, qui devrait recevoir au moins 70% des votes lors d'une session élargie du Forum. En cas d'échec, pour une raison ou une autre, de cette procédure, le Forum doit recourir au système alternatif basé sur des listes. Les membres du forum doivent recourir à des listes préconstituées, identifiant les candidats au poste de Premier ministre, et les candidats pour le Conseil présidentiel. Selon cette formule, chaque liste est soumise au vote en session élargie, si elle est approuvée par au moins 17 membres du forum (huit de l'Ouest, six de l'Est et trois de le sud). Sur cette base, un maximum de quatre listes peuvent être soumises pour le scrutin final. Si l'une des listes remporte 60% du total des voix au premier tour, une autorité sera constituée sur cette base. Et si aucune liste ne franchit ce seuil, les deux listes qui ont remporté le plus de votes passent à un second tour, lors duquel la liste gagnante doit obtenir plus de 50% des voix. L'ONU continue de parrainer les discussions politiques entre les factions libyennes qui ont repris lundi et qui se poursuivront jusqu'au 5 février. La représentante spéciale par intérim du secrétaire général de l'ONU, Stéphanie Williams, avait convoqué un groupe plus restreint de dix-huit délégués sur les 75 que comprend le forum de dialogue, appelé le Comité consultatif, à Genève les 13 et 16 janvier. Lors de la séance d'ouverture de la réunion, Williams a clairement indiqué que le rôle de l'ONU, consistait à créer un mécanisme, et non pas à aider à la sélection des dirigeants de exécutif. "Nous ne discuterons pas des noms des candidats aux postes de direction au sein de l'autorité exécutive unifiée (...) et je n'accepterai pas que la mission (de l'ONU) joue un rôle dans la désignation de l'autorité exécutive", a-t-elle, alors, déclaré.