Le Maroc mène "un lobbying de luxe" auprès des élus français dans l'objectif de faire la promotion de sa vision expansionniste au Sahara occidental, a déclaré le député français et membre du Parti communiste (PCF) Jean-Paul Lecoq qui souligne l'impératif pour l'ONU de faire respecter les accords de cessez-le-feu pour en finir avec le conflit qui envenime toute la région. Dans un entretien au journal électronique La Patrie News, M. Lecoq, a soutenu que le Maroc mène "un lobbying de luxe" auprès des élus français. Le militant de la cause sahraouie, a révélé que "des voyages sont organisés (...), des dîners, et de nombreuses conférences visant à valoriser la vision des choses du gouvernement (marocain)" concernant le conflit du Sahara occidental. Ainsi, d'après lui, "les élus non avertis peuvent aisément tomber dans le piège et se retrouver à soutenir une politique qu'ils ne comprennent pas, ou pour laquelle ils ne connaissent qu'une seule version, tronquée. Pire, ayant été accueillis, certains (...) n'osent plus questionner le pays (Maroc) sur les sujets sensibles". Il pense, à ce propos, que "l'Etat français évite d'insister sur cette question, car lui-même viole le droit international", notant que "la France est un poids lourd des Nations unies du fait de sa place de membre permanent du Conseil de Sécurité". M. Lecoq a rappelé que le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian était à Rabat quelques jours avant l'agression militaire marocaine contre les civils sahraouis dans la zone tampon d'El-Guerguerat, le 13 novembre dernier. Impossible, juge-t-il, "d'imaginer qu'ils n'ont pas évoqué ce sujet, et difficile donc de croire que la France n'a pas été interrogée" sur cette opération militaire. Aussi, il a relevé l'existence d'"une méconnaissance" du conflit du Sahara occidental au sein de la presse française. Beaucoup de médias, d'après lui, "ignorent" que le conflit du Sahara occidental est une question de décolonisation qui est toujours sur la table de l'Assemblée générale des l'ONU. Cela est dû en partie, comme l'explique, au fait qu'"aucun journaliste non accrédité par le Maroc ne peut se rendre en zone occupée". Le conflit démontre la faiblesse de l'ONU S'agissant du blocage de l'organisation d'un référendum d'autodétermination au Sahara occidental, Lecoq pointe du doigt "le Maroc qui n'a jamais agi dans le cadre des résolutions des Nations unies. Mais il ne faut pas être dupe : le Maroc n'agit pas seul et s'il peut se permettre de ne pas respecter le droit international, c'est qu'il a de puissants alliés, au premier rang desquels la France". Il qualifie la France de "pivot qui permet au Maroc de porter sa voix au sein du Conseil de Sécurité des Nations unies. La France joue à plein son rôle d'allié fidèle du Maroc au détriment du droit international. Là où les choses se compliquent, c'est que cela signifie qu'au Conseil de Sécurité, le droit international est bafoué volontairement et que cela n'entraine aucune réaction de ses autres membres". "Ce conflit démontre donc la faiblesse de l'ONU et du droit international", ce qui est, de son avis, "extrêmement regrettable". "L'ONU devrait être capable de se faire respecter, et donc de faire respecter les accords de cessez-le-feu pour enfin en finir avec ce conflit qui envenime toute la région", a-t-il fustigé. Par ailleurs, il a préconisé, que la prochaine étape soit "une prise de conscience" par la communauté internationale de la situation au Sahara occidental après la reprise de la lutte armée, et qu'un référendum d'autodétermination soit enfin remis à l'ordre du jour et préparé dans le respect des résolutions des Nations unies. A une question liée au recours en annulation de l'accord portant extension des Accords d'association et de libre-échange UE/Maroc au territoire du Sahara occidental, introduit par le Front Polisario, le 27 avril 2019, Lecoq, a émis le souhait que les accords de commerce UE/Maroc excluront explicitement le Sahara occidental, car dit-il, "le pillage des ressources naturelles est une violation du droit international humanitaire et il serait temps d'en finir avec cette injustice". "J'espère que la première audience de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) du 2 mars concernant le recours en question, permettra de faire avancer la cause pour en finir avec l'occupation et que les entreprises finiront par arrêter de violer le droit international pour maintenir leur commerce et leurs profits sur le dos de la souffrance des Sahraouis", a-t-il dit. Pour cela, il suggère d'initier "un véritable mouvement de boycott, qui désigne les entreprises responsables de cela ", sans pour autant oublier la lutte pour libérer les prisonniers politiques sahraouis qui souffrent dans des prisons marocaines depuis 10 ans. Enfin, d'après Jean-Paul Lecoq, membre du Parti communiste français (PCF), et député de la Seine-Maritime de 2007 à 2012 et depuis 2017, le règlement de cette question "permettrait ainsi d'en finir avec les tensions inutiles, et permettrait une prospérité retrouvée dans la région".