Les représentants de 57 pays musulmans se retrouvent dimanche à Islamabad, au Pakistan, pour une réunion extraordinaire consacrée à la crise humanitaire en Afghanistan. La réunion des pays de l'Organisation de coopération islamique (OCI) est la première grande conférence sur l'Afghanistan depuis la chute de l'ancien gouvernement soutenu par les Etats-Unis, en août. Après le retour éclair des talibans au pouvoir, plusieurs milliards de dollars d'aides et d'avoirs ont été gelés par la communauté internationale, faisant peser le risque d'une crise humanitaire majeure sur le pays de 38 millions d'habitants à l'approche de l'hiver. Selon les Nations unies, l'Afghanistan est confronté à "l'une des pires catastrophes humanitaires au monde" tandis que le Programme alimentaire mondial (PAM) de l'ONU a mis en garde contre une "avalanche de famine" à venir. Le sommet d'une journée devrait se conclure par des promesses d'aide dimanche soir. Le ministre afghan des Affaires étrangères, Amir Khan Muttaqi, fait partie des délégués attendus au Parlement pakistanais, aux côtés de représentants des Etats-Unis, de la Chine, de la Russie, de l'Union européenne et des Nations unies. Selon les autorités pakistanaises, 70 délégations participent à la réunion. Aucun pays n'a encore reconnu le gouvernement taliban qui a pris le pouvoir mi-août, en plein retrait des forces américaines, et les diplomates auront la tâche délicate de venir en aide à l'économie afghane sans pour autant soutenir le régime en place. Shah Mehmood Qureshi, le ministre pakistanais des Affaires étrangères, a affirmé que la réunion s'exprimerait "au nom du peuple afghan" et non d'un "groupe particulier" de la population. Le Pakistan, l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis étaient les trois seuls pays à avoir reconnu le précédent régime taliban, de 1996 à 2001. Selon M. Qureshi, "il y a une différence entre la reconnaissance et l'engagement" avec le nouveau régime de Kaboul. "Nous devons les encourager par la persuasion, par des mesures incitatives, à aller dans la bonne direction", a-t-il affirmé aux journalistes avant le sommet: "Une politique de coercition et d'intimidation n'a pas fonctionné. Si elle avait fonctionné, nous ne serions pas dans cette situation", a-t-il ajouté.