STRASBOURG (Parlement européen)- Un nouveau rassemblement de la communauté marocaine a eu lieu mercredi, devant le Parlement européen à Strasbourg, pour attirer l'attention de l'Europe sur les atteintes à la liberté d'expression commises par Rabat, et l'appeler à "réagir vivement" pour exiger la libération de tous les prisonniers politiques et d'opinion au Maroc, rapportent des médias. Selon ces sources, des manifestants venus de Reims, Paris, Nancy, Montbéliard ou Strasbourg se sont dressés mercredi devant le Parlement européen. Issus de la communauté marocaine, ils voulaient "attirer l'attention de l'Europe sur les atteintes à la liberté d'expression" au Maroc et "exiger la libération des prisonniers politiques et d'opinion" dans le royaume. Au cours du rassemblement, Fouad Salahdine du Comité de soutien au prisonnier politique Omar Radi et à Nasser Zefzafi (prisonnier du Hirak du Rif) précise qu'"aujourd'hui, on arrête toutes les voix contestataires dénonçant les inégalités au Maroc. On empêche les gens de parler". Il demande "la libération des prisonniers politiques et le retour des exilés au Maroc". Surtout, il appelle les eurodéputés à prendre connaissance "de ce qui se passe au Maroc". Des Comités de soutien marocains avaient déjà lancé, à la veille du rassemblement de mercredi, un appel aux parlementaires européens à "réagir vivement" pour "exiger la libération de tous les détenus politiques et d'opinion, notamment les journalistes Omar Radi, Soulaimane Raissouni, Toufik Bouachrine, les prisonniers du Hirak du Rif: Nasser Zefzafi, Nabil Ahamjik, Saïd lghid, Zakaria Adehchour, Mohamed Jaloul, le militant Nouredine Aouaj et les citoyens actifs sur les réseaux sociaux". Ils ont également appelé les eurodéputés à "exiger que les droits fondamentaux soient respectés au Maroc, à condamner les pratiques du régime marocain et de son appareil policier, et à dénoncer les décisions d'une justice aux ordres d'un pouvoir autocratique". Les signataires de l'appel demandent également au Parlement européen d'intervenir "pour que le Maroc honore ses engagements internationaux et sa propre Constitution et pour l'arrêt définitif des poursuites judiciaires à l'encontre de la militante d'ATTAC Maroc (Association pour la taxation des transactions pour l'aide aux citoyens), Fatima Zohra Ould Belaid, et tous les autres". "Hier comme aujourd'hui, I'Etat du Maroc, pays ami de l'Union européenne, où l'on espionne les téléphones des journalistes et des défenseurs des droits humains à l'aide du logiciel israélien Pegasus, où les atteintes aux droits fondamentaux, à la liberté d'opinion, à la liberté de la presse se multiplient, où l'on harcèle, salit, instrumentalise et condamne, où le courage et l'engagement se paient au prix de vies brisées, l'Etat de ce pays, le Maroc, jouit d'une totale complaisance", dénoncent-ils encore. Et de poursuivre: "Au Maroc, les enlèvements, la torture, les arrestations arbitraires, les poursuites judiciaires, les condamnations à de lourdes peines de prison restent ce qui caractérise +l'exception marocaine+ tant défendue par les Etats membres de l'UE". "Au Maroc, on continue à cibler les journalistes, les Youtubeurs, les rappeurs, les activistes des droits humains, les militant-e-s des mouvements sociaux et tout-e citoyen-ne exigeant la justice sociale", disent-ils. "La diffamation, le piétinement des libertés individuelles, l'atteinte aux expressions politiques et associatives, l'instrumentalisation de la justice sont une constante d'une +démocratie de façade+ qui fait de la répression une institution, dans le royaume", dénoncent-ils également. Parmi les signataires de l'appel figurent le Comité France de soutien aux prisonniers politiques et d'opinion au Maroc, l'Association des travailleurs maghrébins de France (ATMF), l'Association des Marocains en France (AMF), l'Association de défense des droits de I'Homme au Maroc (ASDHOM), la Voix démocratique (Région Europe) et le Parti socialiste unifié (France).