Des experts ont souligné, mardi à Alger, l'impératif de protéger le patrimoine génétique national (animal et végétal) contre le bio-piratage. La préservation du patrimoine génétique national, connu pour son adaptation permanente aux changements climatiques et sa résistance aux maladies, constitue un gage de durabilité du système agricole et de la sécurité alimentaire, ont-ils souligné à l'occasion des journées d'études sur la sécurité alimentaire, tenues au siège de l'Institut national d'études de stratégie globale (INESG). Pour les intervenants, la préservation de cette richesse permettrait de conserver notre modèle agricole diversifié, assurer à notre population une alimentation saine et faire face à la "standardisation" des modes de culture et des modes de consommation. Dans son intervention, le Pr Mourad Belkhelfa a insisté sur l'urgence de l'élaboration et de la mise en place d'un cadre juridique pour protéger et préserver ce patrimoine riche et diversifié. Evoquant le projet de la banque de gènes proposé par le ministère de l'Agriculture et du développement rural, il a recommandé la création d'un comité intersectoriel pour prendre en charge la création de cette banque. Selon lui, la concrétisation de ce projet nécessite d'abord le recensement du patrimoine génétique existant à travers tout le territoire national. Il a ensuite recommandé la valorisation de ses ressources par un centre de recherche et de développement qui devrait avoir la charge d'améliorer ces espèces génétiques et d'enregistrer leurs séquences génétiques à l'international afin de les protéger contre le bio-piratage . Dans ce même contexte, Il a insisté sur la nécessité pour l'Algérie de créer une banque spécifique pour les semences, et d'enregistrer ses graines au niveau de la banque de semence du Svalbard (Norvège). "Il s'agit de l'une des plus grandes réserves de graines au monde destinée à conserver dans un lieu sécurisé des graines de toutes les cultures vivrières de la planète", a-t-il expliqué, estimant que cette procédure permettrait de sécuriser l'Algérie contre les risques d'extinction de ses semences en cas de catastrophe. A ce titre, il a cité l'exemple de la Syrie dont la banque génétique située dans la ville d'Alep a été détruite. "Ce pays a pu reconstituer ses réserves détruites grâce aux graines qu'il avait déposées auparavant au niveau de cette banque internationale ce qui lui permettra de relancer sa production et assurer sa sécurité alimentaire", a-t-il soutenu. Par ailleurs, les intervenants ont mis en avant le rôle de la recherche scientifique dans le développement des projets qui ont directement un impact sur la sécurité alimentaire et le bien être de la population. En 2021, pas moins de 50 projets ont été retenus dans le cadre du programme national de la recherche, dont 35 projet agricoles, 11 projet dans le domaine des ressources en eau et 5 dans le domaine de la pêche et des ressources halieutiques, a fait savoir Kamila Aït Yahia, directrice centrale de la programmation de la recherche, de l'évaluation et de la prospective au ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique. "Pour réaliser leurs projets, les chercheurs ont besoin d'avoir un partenaire économique pour assurer le côté financier", a expliqué Mme Aït Yahia, en admettant que les scientifiques ont souvent du mal à avoir la confiance des partenaires sociaux économiques. En revanche, elle a fait constater que c'est souvent les gens des régions du Sud du pays qui réussissent a faire valider leurs projets du fait de leur "pertinence et leur impact direct sur le développement local". "En effet, sur les 50 projets, 6 ont été attribués au Centre de recherche des régions arides de Biskra", a-t-elle argué. Elle a également évoqué les projets réalisés dans le cadre de la coopération internationale pour le transfert du savoir faire et des technologies.Parmi ces projets, elle a cité le développement et la promotion de la culture du safran en Algérie.