La liste des eurodéputés accusés d'avoir été corrompus par le Maroc en contrepartie de services rendus ne cesse de s'allonger, au moment où l'enquête déclenchée par le parquet fédéral belge concernant ce retentissant scandale de corruption au sein du Parlement européen suit toujours son cours, ont rapporté lundi des médias. Cité dans un premier temps par les enquêtes menées par la chaîne d'information française BFMTV et le Journal du Dimanche (JDD), comme étant l'un des eurodéputés ayant bénéficié de cadeaux et voyages payés par le Maroc, l'ancien maire d'Hellemmes, en France, Gilles Pargneaux, vient d'être enfoncé par son ex-collègue portugaise au Parlement européen, Ana Gomes (2004-2019) qui le taxe de "lobbyiste effronté du Maroc". "A-t-il déjà fait l'objet d'une enquête ? Il devrait !", a-t-elle tweeté, en référence à Gilles Pargneaux, les deux personnes ayant siégé au sein du même groupe à Bruxelles. Selon les conclusions de la chaîne BFMTV, l'ex-eurodéputé français, qui était durant ses deux mandats (2009-2019) à la tête du groupe d'amitié UE-Maroc, une structure informelle chargée de tisser des liens entre l'Union européenne et le royaume, recevait "durant ses visites régulières au Maroc des cadeaux", affirmant que "des photos des cadeaux existent sur son compte Facebook". Rappelant, dans ce contexte, que la réception de cadeaux est une pratique encadrée au sein du Parlement européen, selon un "code de conduite" adopté en 2011 interdisant aux eurodéputés d'accepter de la part des lobbies des cadeaux matériels ou immatériels d'une valeur supérieure à 150 euros, BFMTV a affirmé que l'ex-député français s'est engagé entièrement en faveur des thèses marocaines. Sahara occidental, Maroc-UE, Union africaine, droits de l'Homme, détenus sahraouis de Gdeim Izik, entre autres, "il n'y a pas un sujet pour lequel l'eurodéputé ne mouille la chemise pour défendre haut et fort les thèses de Rabat", a souligné le média français, en rapportant des écrits d'un site d'information marocain de mai 2017. "L'engagement de l'eurodéputé a été reconnu par les autorités marocaines qui l'ont remercié par de multiples distinctions", a, en outre, affirmé le média français. Allant, dans le même sens, le sénateur socialiste français du Nord, Patrick Kanner, qui a longtemps côtoyé Pargneaux au sein de la fédération PS, a assuré que ce dernier "a toujours montré son affection pour le Maroc et les autorités marocaines", lui qui est marié à une Marocaine et a adopté des enfants marocains. Lire aussi: Parlement européen: le chef du gouvernement marocain cité dans une tentative de corruption Dans une interview donnée à un site d'information marocain en 2013, Gilles Pargneaux a déclaré que le Maroc devait avoir "une présence accrue au Parlement européen". Une phrase qui résonne étonnamment au vu des révélations actuelles à Bruxelles. Après avoir quitté le Parlement européen en 2019, il a fondé une ONG qu'il préside aujourd'hui. C'est "avec un homme qui lui avait remis une décoration dans le passé", au Maroc, qu'il a mis sur pieds cette fondation, a précisé l'enquête du JDD. Si cette structure dit avoir "pour vocation de renforcer et promouvoir un espace Europe-Méditerranée-Afrique cohérent", des accusations sont portées contre elle sur sa véritable fonction, note le média. Il rappelle, à ce titre, que l'ONG Western Sahara Resource Watch (WSRW), qui active à Bruxelles, parle notamment de "lobbying" pour qualifier les activités de l'ONG incriminée.