ABEBA - Les dirigeants africains, réunis au sommet les 15 et 16 février à Addis-Abeba, ont réitéré leur appel à la cessation "immédiate" et "sans conditions" des hostilités dans les Etats membres de l'Union africaine (UA), touchés par des "conflits violents", plaidant pour le "dialogue" qu'ils considèrent comme "seule approche viable" pour parvenir à une solution durable. Les chefs d'Etat et de gouvernements africains faisaient références, notamment aux conflits au Soudan et en République démocratique du Congo (RDC). La Conférence "réitère également l'appel lancé à toutes les parties belligérantes, dans les Etats membres aux prises avec des conflits violents, pour qu'elles cessent immédiatement et sans conditions toutes les hostilités, instaurent un cessez-le-feu permanent et adoptent un dialogue et une réconciliation authentiques et sans exclusion, seule approche viable pour parvenir à des solutions consensuelles et durables", ont-ils affirmé dans une déclaration publiée à la fin des travaux de leur 38ème sommet annuel. Au Soudan, le conflit de 22 mois entre l'armée soudanaise et les Forces de soutien rapide (FSR) a déjà déplacé un cinquième de la population et provoqué une grave famine chez environ la moitié de la population. En République démocratique du Congo (RDC), le groupe armé M23 a pris fin janvier Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu et poursuit sa progression dans la province voisine du Sud-Kivu, s'approchant de Bukavu, l'autre grande ville de l'Est congolais. Les dirigeants africains ont rappelé, dans ce contexte, l'importance du respect des principes contenus dans les instruments juridiques de l'UA dont "la souveraineté des Etats membres, l'intégrité territoriale, l'unité nationale, la non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats membres, la non-agression et le règlement pacifique des conflits". Ils ont souligné, à ce titre, la nécessité de renforcer la coopération afin de "lutter plus efficacement contre la circulation des armes légères et de petits calibres illicites et de faire taire les armes sur le continent". Les chefs d'Etat et de gouvernements africains ont, d'ailleurs, condamné "l'implication d'acteurs extérieurs étatiques et non étatiques dans les conflits africains, ainsi que l'exploitation illégale des ressources naturelles par des groupes armés et terroristes en Afrique". Ils ont encouragé, par ailleurs, les Etats membres à "s'attaquer de manière globale aux causes profondes et structurelles des conflits violents et de l'instabilité" en s'appuyant sur "le lien entre la paix, la sécurité et le développement, notamment à travers des programmes socio-économiques délibérés visant à autonomiser les populations, particulièrement les femmes et les jeunes". Soulignant la nécessité d'une "mise en œuvre immédiate et intégrale" de la résolution 2719 (2023) du Conseil de sécurité des Nations unies, afin de garantir le financement des opérations de soutien de la paix pilotées par l'UA, les dirigeants africains ont mis également l'accent sur la nécessité d'"explorer des moyens novateurs de mobilisation des ressources financières internes, notamment par le biais d'engagements avec le secteur privé et les institutions financières africaines". Ils ont jugé, en outre, nécessaire pour les Etats membres de mettre en place des mécanismes, notamment au niveau régional, pour "s'attaquer aux sources de financement du terrorisme afin de réduire les activités des groupes terroristes et armés", appelant à l'accélération de la mise en œuvre de la Déclaration de Malabo sur le terrorisme et les changements anticonstitutionnels de gouvernement, qui a été adoptée par la 16e Session extraordinaire de la Conférence des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UA tenue le 28 mai 2022, à Malabo (Guinée équatoriale). Les chefs d'Etat et de gouvernements africains ont exhorté également les Etats membres à mettre en œuvre la Déclaration de la réunion africaine de haut niveau sur la lutte contre le terrorisme, tenue en avril 2024 à Abuja (Nigeria). Ils ont réaffirmé, à ce propos, la nécessité de "redynamiser la diplomatie préventive comme outil efficace de prévention, de gestion et de règlement des conflits".