Au célèbre avocat Jacques Vergès, les massacres du 17 octobre 1961 contre les Algériens de Paris "évoquent trois questions ou plutôt trois évidences"."La première, explique Me Vergès à l'APS, est que comme le soulignait le philosophe Hanna Arendt, le colonialisme est +la matrice du nazisme et de la barbarie en Europe+ (...) et l'ordonnateur de la rafle-massacre d'octobre 1961, Maurice Papon, a fait ses armes dans l'Algérie" sous occupation française. La deuxième "évidence" de Me Verges réside dans le fait, selon lui, que les responsables en Europe et spécialement en France "souffrent" de ce qu'il qualifie de "daltonisme moral": "ils voient les crimes commis contre les juifs. Ils ne voient pas les crimes perpétrés contre les colonisés", explique-t-il. Me Verges fait valoir aussi que Papon a été poursuivi pour les rafles de juifs auxquelles il a participé jeune comme sous-préfet et exécutant à Bordeaux, et qu'il ne l'a pas été pour les massacres d'Algériens pacifiques dont il a été l'organisateur à Paris comme "super préfet". Troisième "évidence" enfin pour Me Verges: les crimes du colonialisme contre l'humanité "ne sauraient être amnistiés puisqu'ils sont imprescriptibles par définition" et l'amnistie "est une forme de prescription anticipée", soutient l'ancien avocat de la cause nationale algérienne.