A cinq jours de la date du deuxième tour de l'élection présidentielle en Guinée, prévu dimanche, les Guinéens étaient mardi "incertains" d'aller voter en raison de la position du candidat Cellou Dalein Diallo qui exige le départ du président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Loncény Camara. En effet, le camp de Cellou Dalein, de l'Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), a menacé de boycotter le second tour du scrutin si le président de la CENI n'est pas remplacé d'ici là par une "personnalité neutre" alors que le gouvernement a regretté q'"une telle institution soit contestée". Cellou Dalein Diallo juge l'actuel responsable de la CENI "trop proche" de son adversaire, Alpha Condé, candidat du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG), tandis que le gouvernement de la transition tente faire éviter un deuxième report du second tour. Cité par des médias reçus à Dakar, le gouvernement a appelé à dépasser "les crises internes" qui secouent la CENI, principal acteur dans l'organisation des élections. S'exprimant dans ce contexte, le ministre de l'administration du territoire et des Affaires politiques (MATAP), Nawa Damey, a regretté le fait qu'"une institution aussi prestigieuse (la CENI), qui à une mission importante à jouer, soit minée par des crises internes". Toutefois, le parti de Cellou Dalein Diallo est resté attaché à sa revendication, menaçant de "paralyser le pays", si "un président neutre et consensuel" n'est pas désigné à la tête de la Commission électorale. "Le gouvernement doit s'exécuter. Les autorités de la Transition doivent trouver un responsable impartial pour la CENI", a indiqué le premier vice-président de l'Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), Bah Oury, dont les propos sont rapportés par des médias guinéens. Face à cette situation qui pourrait réellement bloquer le processus électoral et faire encore durer la transition politique, les Guinéens se sont exprimés pour une intervention du président par intérim, le général Sékouba Konaté, lui demandant d'ouvrir de "nouveaux espaces de concertation et de dialogue". "L'objectif, est d'aboutir à une entente entre les deux candidats à propos d'un certain nombre de questions liées à la tenue du deuxième tour dans un climat paisible pour le bien de tout le pays", a-t-on indiqué à Conakry. Pour ce faire, une invitation a été également adressée au médiateur dans la crise guinéenne, le président Blaise Compaoré, pour se rendre dans la capitale de ce pays d'Afrique de l'Ouest, en vue de "convaincre toutes les parties à respecter le délai du scrutin". Le président Compaoré avait réitéré sa volonté de "tout mettre en œuvre pour désamorcer la crise guinéenne", rappelle-t-on. Prévu une première fois pour le 19 septembre dernier, le second tour du scrutin a été reporté au 24 octobre en cours afin de permettre à la CENI d'assurer une meilleure préparation du vote. Le candidat Cellou Dalein Diallo avait obtenu plus de 43% des voix, alors qu'Alpha Condé avait acquis 18% des suffrages, lors de ces élections qui avaient été entachées d'"irrégularités"dues à une mauvaise utilisation des procès-verbaux.