Transports en commun perturbés, stations-service à secs, la journée de mardi a été marquée par de nombreuses manifestations de lycéens, étudiants et fonctionnaires dans toute la France pour dénoncer le projet de réforme de la retraite qui passera au vote mercredi au Sénat. Lundi déjà, les mobilisations s'étaient soldées par des actes de violence notamment à Evry, Nanterre et Lyon. Attendue, la participation des jeunes à cette sixième journée de mobilisation contre ce projet de loi a atteint des records, selon les organisateurs. Quelque 200 à 300 jeunes s'étaient rassemblés en début d'après-midi Place de la République, bloquant la circulation à l'aide de poubelles et de barrières de chantier et provoquant par la même occasion la colère de certains automobilistes, bloqués dans un immense embouteillage. Les centaines de jeunes pour la plupart encagoulés jetaient des pierres et fumigènes sur les CRS qui ont répliqué en chargeant et en projetant des gaz lacrymogènes. Les premiers chiffres publiés sur le nombre de manifestants contre la réforme des retraites laissent entrevoir 3,5 millions de manifestants selon une source CGT contre 1,1 million pour la police. Jamais autant d'établissements n'auraient été autant perturbés depuis le début du mouvement lycéen contre la réforme des retraites, selon des sources concordantes. Le ministère de l'Education nationale a comptabilisé 379 lycées affectés par cette grève. La Fédération indépendante et démocratique lycéenne (Fidl), deuxième organisation lycéenne, parle quant à elle de plus de 1.200 lycées mobilisés, dont 850 bloqués en cette journée (sur un total de 4.302 établissements en France). Par ailleurs entre six et dix des 83 universités du pays étaient bloquées, ainsi que certaines fermées administrativement, a-t-on appris auprès du ministère de l'Enseignement supérieur et de l'UNEF, première organisation étudiante. Le ministre de l'Ecologie et de l'Energie, Jean Louis Borloo, a annoncé dans la journée qu'un peu moins de 4000 stations étaient en attente d'approvisionnement sur 12 500 en France sans préciser si ces stations étaient déjà en panne ou menacent de l'être. Le Premier ministre François Fillon a a affirmé que le gouvernement a activé un centre interministériel de crise (CIC) et reconnaît des "tensions d'approvisionnement" dans plusieurs départements. A cet effet, le ministère de l'Intérieur a annoncé la mise en place d'un "plan d'acheminement" du carburant vers les départements concernés à compter de mardi soir. Les 12 raffineries de l'Hexagone sont toujours paralysées par la grève et actuellement à l'arrêt ou en cours. Sur le site Total de Grandpuits (Seine-et-Marne) notamment, une quinzaine de grévistes ont été réquisitionnés ce mardi pour fournir en carburants les services publics de santé et de sécurité. Les pompes essence de Normandie et de l'ouest de la France sont les zones les plus touchées même si les stations de Champagne, Provence-Alpes-Côte-d'Azur, Rhône-Alpes, Midi-Pyrénées, Auvergne et Limousin entraient progressivement dans la zone rouge. Le manque d'essence à la pompe se fait particulièrement sentir dans la grande distribution et les stations rurales. Entre 1 000 à 1 500 des 4 800 stations gérées par les grands groupes (Casino, Carrefour, Auchan, Cora, Leclerc et Intermarché) sont "en rupture d'un produit ou totalement à sec", indique Alexandre de Benoist, délégué général de l'Union des importateurs indépendants pétroliers (UIP). Le groupe Carrefour qui fait état d'un quart de son réseau en rupture totale de carburant (300 stations) estime que le "risque de pénurie" est bien "réel". Ce que confirme la Fédération française des carburants, combustibles et chauffage (FF3C) qui explique que la situation "qu'il faut bien appeler pénurie" est "extrêmement préoccupante". "Les dépôts de carburant sont pris en otage dans un conflit politique, on instrumentalise le carburant", a pour sa part dénoncé Michel-Edouard Leclerc à la tête du groupe Leclerc. "Au rythme des approvisionnements actuels, il n'y en aura plus d'ici la fin de la semaine", s'est-il inquiété. Le groupe Total vient de son côté d'annoncer qu'un quart de ces stations-service étaient touchés par la pénurie (soit 1 000 stations sur les 4 300 de son réseau). Face aux inquiétudes, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) se veut rassurante. Selon elle, la France, qui a commencé à puiser dans ses réserves, dispose de "stocks suffisants". Par ailleurs, un quart des vols seront annulés mercredi en début de matinée à l'aéroport d'Orly, un quart des vols seront annulés mercredi, soit une trentaine de vols en raison d'une journée de grève à l'aéroport à l'appel de la confédération générale du travail (CGT).