Le secteur privé algérien "a toutes les chances d'émerger durablement pour peu qu'il ait de l'ambition et accepte un changement de statut pour dépasser le niveau embryonnaire de l'entreprise familiale", a estimé, jeudi à Constantine, Mustapha Mekidèche, économiste. Invité par le bureau de wilaya de la Confédération algérienne du patronat (CAP), cet expert international, vice-président du Conseil national économique et social (CNES), a animé, devant des opérateurs économiques de la wilaya de Constantine, une conférence qu'il a intitulée "Où en est l'entreprise algérienne en 2010 ? Entre potentiel réel et contraintes persistantes : quelles marges de manœuvres pour les parties prenantes ?". Analysant "les pesanteurs qui entravent le décollage de l'entreprise algérienne et continuent de contrarier son émergence", le conférencier s'est attardé sur les caractéristiques de la structure statutaire des entreprises privées qui sont à 95,73 % des affaires familiales (Sarl notamment), ne pouvant de ce fait envisager des fusions, des acquisitions et des regroupements, "une perspective incontournable pour asseoir des fondements solides à la compétitivité de l'économie et à la production de biens hors hydrocarbures". M. Mekidèche a qualifié d'"enjeu majeur", la mise en place d'un ensemble de PME "nombreuses et compétitives", dotées d'une "élite de managers et de champions" invités à dialoguer avec l'ensemble des partenaires pour assainir l'environnement et créer les conditions d'une émergence plus forte, à la faveur d'un rythme d'investissement public élevé, avec 286 milliards de dollars pour le plan quinquennal 2010-2014, dont 50 % sont orientés pour améliorer le capital humain, garant du développement durable (formation, santé..). "Avec 40 milliards de dollars d'importations et 2 milliards d'exportations hors hydrocarbures, les défis que doit relever l'entreprise algérienne sont-ils à sa portée ?", s'est interrogé cet économiste qui oppose au "pessimisme des analyses", "l'optimisme de l'action", en constatant que pour certaines filières "le bout du tunnel est quasiment atteint", citant notamment les progrès enregistrés par la céréaliculture (60 millions de quintaux en 2009, 40 millions en 2010) la plasturgie (150.000 tonnes), la tomate industrielle, etc. Evoquant "la centralité de l'Etat dans l'économie" qui revient dans le sillage de la crise de l'économie mondiale, le conférencier à appelé à investir dans l'innovation, l'économie du savoir et la maîtrise des nouvelles technologies, et à opter résolument pour la protection de la production locale "face à ce qui est convenu d'appeler l'économie de comptoir".