La divulgation vendredi de documents secrets de l'armée américaine sur la guerre en Irak par le site WikiLeaks, évoquant notamment de nombreux cas de torture, a vite fait réagir la classe politique irakienne, qui peine toujours à s'entendre sur la formation d'un nouveau gouvernement, huit mois après les législatives. La publication de quelque 400.000 documents américains confidentiels sur la situation en Irak pendant la période 2003-2009 est perçue par certains dirigeants irakiens comme une "menace" pour le processus politique dans le pays, alors que d'autres estiment que ces informations n'ont aucun impact sur la mise en place d'un nouveau gouvernement. Selon Ali Moussaoui, un conseiller du Premier ministre irakien sortant Nouri Al-Maliki, la publication de ces documents militaires n'"influera" ni sur les positions des blocs politiques qui œuvrent pour le déblocage de l'impasse politique, ni sur l'opinion publique irakienne. De son côté, un porte-parole du ministère irakien des droits de l'Homme, Kamel Al-Amine a affirmé que les documents secrets américains sur de nombreux cas de torture et de meurtres de civils durant la guerre en Irak ne contenaient "pas de surprise". En revanche, Nouri Al-Maliki a estimé que la diffusion de ces documents visait à "perturber" sa réélection à la tête du gouvernement rejetant toute accusation sur son implication dans des activités ayant pour objet la violation des droits de l'homme. "Il y a des objectifs politiques derrière cette campagne médiatique, et certains cherchent à utiliser ces documents contre les dirigeants nationaux, notamment le Premier ministre," a affirmé le bureau d'Al-Maliki dont le parti dispose de 89 députés sur 325, contre 91 pour son prédécesseur et concurrent Iyad Allawi. Jusqu'ici, aucun de ces deux partis n'est parvenu à former une coalition gouvernementale. Aux Etats-Unis, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a condamné les documents de Wikileaks et dénoncé "dans les termes les plus clairs la divulgation de toute information par des individus ou organisations qui met en danger la vie de militaires des Etats-Unis ou de nos partenaires et des civils".