A une semaine des élections législatives de mi-mandat, les deux partis politiques américains multiplient les initiatives pour convaincre leur électorat alors que dans les derniers sondages, le vent souffle toujours en faveur des républicains pour le contrôle de la Chambre des représentants. Le 2 novembre, les électeurs américains seront appelés à renouveler la Chambre des représentants (435 sièges), plus d'un tiers du Sénat (37 sièges sur 100), et élire 37 gouverneurs. Pour mobiliser davantage l'électorat démocrate et les électeurs indécis, le président Barack Obama effectue depuis plusieurs jours des tournées non-stop à travers les Etats-Unis, avertissant de la menace que font peser les républicains sur les réformes qu'il a engagées au cas où ils s'empareraient du Congrès. Lors de ses meetings pour faire campagne aux candidats démocrates qui se trouvent dans des courses très serrées, le chef de la Maison Blanche tente de convaincre les foules que le parti républicain ferait reculer les réformes qu'il a lancées pour retourner à la politique laxiste de Wall Street et aux pratiques financières abusives des patrons des grosses banques, ayant été à l'origine de la crise financière et à valu le recours à l'argent des contribuables pour sauver plusieurs établissements bancaires. Parmi les candidats démocrates en difficulté figure le chef de la majorité démocrate au Sénat, Harry Reid, 70 ans, que le président Obama ne veut surtout pas perdre alors qu'il est devenu pour les républicains l'homme à démolir, faisant de la sénatoriale du Nevada une des courses électorales les plus suivies par les médias américains. Sénateur de cet Etat de l'ouest des Etats-Unis et briguant un cinquième mandat, Harry Reid, qui est donné au coude à coude avec une républicaine Sharron Angle soutenue par le mouvement ultraconservateur du Tea Party, doit se défendre notamment contre les mauvais chiffres de l'économie de cet Etat qui connaît l'un des plus forts taux de chômage (14,4%) et de saisies immobilières et où la principale industrie, le tourisme, a gravement souffert de la récession. Mais pour le Comité national républicain, il est devenu presque une certitude que le parti républicain gagnera la Chambre des représentants tout en reconnaissant avoir des difficultés à prendre le contrôle du Sénat. Pour les analystes, l'autre enjeu dans cette bataille électorale est l'élection le 2 novembre de 37 gouverneurs qui vont peser dans le redécoupage électoral prévu en 2011, donc en vue des élections au Congrès et de la présidentielle de 2012. Ce redécoupage est réalisé tous les dix ans après le recensement national, pour garantir que chacun des 435 élus de la Chambre représente à peu près le même nombre d'électeurs. Or, beaucoup de ces gouverneurs ont une grande influence puisqu'ils peuvent disposer, parfois, d'un droit de veto sur ce redécoupage électoral afin de quadriller les Etats favorables à leur parti. C'est que ''les bases de réélection du président Obama reposent sur les épaules des gouverneurs démocrates", notent ces analystes qui estiment que ces dirigeants locaux jouent un rôle important lorsqu'il s'agit de faire basculer les Etats indécis ou Swing States (Etat dans lequel aucun candidat ou un parti ne bénéficie d'un appui massif, contrairement aux Etats sûrs). En outre, le dernier recensement montre, par exemple, qu'un grand nombre de la population a quitté le Nord-Est et le Midwest, favorables à Obama en 2008, pour des Etats plus conservateurs du Sud et de l'Ouest. Les républicains gouvernent actuellement 23 Etats et peuvent escompter à en gagner plus pour arriver à une trentaine de gouvernorats en novembre alors que sur les 18 Etats qui devraient compter plus de représentants après le prochain redécoupage, 16 sont appelés à élire un gouverneur le 2 novembre, tels le Texas, l'Arizona, l'Utah, la Caroline du Sud et la Géorgie. L'on se rappelle en 2000 où le gouverneur de Floride Jeb Bush avait largement contribué à la victoire de son frère George lors des présidentielles, et aussi en 2004 où l'élection s'était jouée dans l'Ohio dont le gouverneur républicain avait permis à George Bush de se faire réélire. En attendant le 2 novembre, le record des dépenses électorales est sur le point d'être battu en dépassant la barre des deux milliards de dollars, selon le Washington Post dans son édition du mardi. Cette hausse s'explique essentiellement par le nombre important des représentants démocrates réellement menacés, qui ont dû faire de la surenchère contre des candidats républicains lesquels, souligne-t-on, ont gagné la bataille de l'argent grâce notamment aux caisses ''anonymes''.