Les élections législatives américaines de mi-mandat se sont déroulées sans suspense avec des résultats qui n'ont fait que confirmer les sondages qui prédisaient une large victoire pour les républicains à la Chambre des représentants et un contrôle de justesse du Sénat par les démocrates. Selon les projections des chaînes de télévision américaines, la victoire du parti républicain à la Chambre basse du Congrès est désormais acquise avec des résultats provisoires de 241 sièges pour les républicains, soit un gain de 63 sièges, alors que la majorité est à 218 élus. Dans l'assemblée sortante, les démocrates comptaient 255 sièges et les républicains 178 (deux autres étaient vacants). Seule petite surprise dans ces élections est la percée, quoique limitée, du mouvement populiste né d'une vive opposition à Barack Obama, le Tea Party, dont des candidats sont parvenus à être élus au Sénat. Au Sénat, qui compte 100 sièges dont le tiers a été soumis au renouvellement, les républicains ont gagné cinq sièges mais demeurent en deçà de la majorité avec 51 sièges pour les démocrates et 46 sièges pour les républicains, selon les résultats provisoires du Washington Post en ligne. Pour l'élection des gouverneurs, 10 démocrates ont été élus à ce poste dont Jerry Brown qui a succédé au républicain Arnold Schwarzenegger, contre un même nombre pour les républicains, auxquels s'ajoutent deux gouverneurs indépendants, selon les résultats provisoires de CNN. L'élection du démocrate Joe Manchin en Virginie occidentale et la réélection de Barbara Boxer en Californie ont sûrement estompé la déception du parti démocrate, ces deux Etats étant parmi les plus cruciaux pour préserver le contrôle même réduit du Sénat avec le basculement dans le camp républicain de plusieurs Etats tels l'Indiana, l'Arkansas, le Dakota du Nord et le Wisconsin. Autre rare bonne nouvelle pour le parti d'Obama dans ces élections est la victoire inattendue du chef de la majorité démocrate au Sénat, Harry Reid, 70 ans, que le président américain ne veut surtout pas perdre alors qu'il était devenu pour les républicains l'homme à abattre. En somme, ce bouleversement électoral va certainement remodeler les deux années restantes du mandat d'Obama et réduire sa marge de manœuvre pour le reste des réformes qui lui restaient à engager notamment pour les questions de l'énergie, de l'éducation et des autres plans de relance économique. Immédiatement après l'annonce de la victoire, le républicain de l'Ohio, John Boehner, fortement pressenti pour devenir le président de la Chambre des représentants, à la place de la démocrate Nancy Pelosi, a annoncé la couleur depuis Washington: ''Pas de temps pour les réjouissances de la victoire. Pendant trop longtemps, Washington a fait ce qui est bon pour Washington et non ce qui est mieux pour le peuple américain. Les changements vont commencer dès ce soir'.' De son coté, le républicain Eric Cantor, qui pourrait certainement devenir le chef du groupe majoritaire à la Chambre, a promis une réduction du déficit budgétaire, en coupant dans les dépenses fédérales en 2011, tout en réaffirmant la volonté de revenir sur la controversée réforme de la santé, alors que le président Obama dispose d'un droit de veto. Selon les analystes, le chef de la Maison-Blanche sera contraint de revoir à la baisse ses ambitions pour le deux prochaines années notamment pour l'adoption de la loi sur l'énergie et le climat, entraînant, notamment, de nouvelles normes pour l'industrie, et qui avait déjà essuyé des tirs de barrage des républicains. Avec cette percée républicaine, il devrait, donc, totalement renoncer à une réforme d'envergure en matière d'énergie, prévoit-on. Les deux premières années du mandat d'Obama, qui a pris la présidence du pays juste après l'éclatement de la grave crise financière, ont été marquées notamment par la révision du système de santé et l'adoption d'une loi de relance économique massive de près de 900 milliards de dollars dont de nombreux économistes disent qu'elle aura permis d'épargner le pays d'une plus profonde crise économique et sociale. Mais le mécontentement pour une économie qui décolle au ralenti, un taux de chômage autour des 10% et la montée en puissance du mouvement ultraconservateur du Tea Party ont joué en faveur d'une désaffection d'une bonne partie des électeurs, impatients, pour le parti démocrate. Plus de six électeurs sur dix ont déclaré que l'économie était la priorité pour la nation et trois fois plus de gens croient qu'elle est en train de s'aggraver au lieu de s'améliorer. Anticipant la victoire des républicains, les marchés d'actions à Wall Street avaient terminé en hausse mardi, soutenus par les secteurs qui pourraient bénéficier d'une victoire républicaine tels les valeurs liées au secteur de l'assurance-santé. Le président Obama devra animer une conférence de presse mercredi dans l'après-midi à la Maison-Blanche.