Akli Tira /TSA/ On apprend que notre indéboulonnable ministre de l'Education nationale, Boubekeur Benbouzid, mène la délégation algérienne pour ce qui ressemble à un sommet arabe de l'enseignement, la 8e conférence des ministres arabes de l'Education, qui se tient au Koweït. Nonobstant les doutes qu'on peut légitimement nourrir sur l'intérêt de ce type de coopération, souvent plus politique que technique, on peut aussi remarquer qu'à la veille des examens de fin d'année et en pleine protestation des enseignants à travers des grèves alternées dans les différents paliers, monsieur le ministre s'en va prendre part à des rendez‐vous que ses collaborateurs auraient pu honorer sans plus de sacrifice. Après une progression scolaire bien entamée, suite aux débrayages syndicaux nombreux et aux intempéries qui ont fermé les portes des écoles pendant de longues semaines dans certains établissements, le très expérimenté patron de l'Education nationale n'a pas du tout l'air de s'inquiéter de la validité pédagogique de l'année écoulée, ni de la préparation des épreuves de fin de cycles. Pourquoi se ferait‐il du mouron puisque sa longévité exceptionnelle à la tête du même ministère lui prouve, à chaque remaniement de la composante du gouvernement, que tout le monde se satisfait du travail accompli. Tout le monde ou, plutôt, le chef de l'Etat et tous ceux qui peuvent remettre en question son enracinement au sommet du secteur. Car il n'est pas possible que dans une république, un ministre demeure populaire ou efficient sur une période aussi longue. Pour preuve, les grèves dont nous parlions plus haut que ledit potentat de l'Education a toujours voulu gérer par le bâton pour finalement revenir, malgré lui, à de meilleurs sentiments envers des profs qui ont vieilli, las de subir ad vitam aeternam le même interlocuteur depuis près de deux décennies maintenant. Quant aux élèves, ils ont eu le temps de mûrir et, pour les meilleurs, de constater que la réforme du système éducatif aux contradictions flagrantes les a jetés à l'université sans les prérequis minimaux. Si bien que les enseignants universitaires ne savent plus comment adapter leur programme aux lacunes de la “génération Benbouzid”. Sans parler, ici, de la violence qui a contaminé l'école algérienne, de la tricherie systématique que plus personne n'ose combattre même pendant l'examen du baccalauréat ou de la nomination de directeurs d'établissements et autres cadres de l'Education nationale aux compétences fort discutables. La construction de nombreuses infrastructures nouvelles, dans la tradition généreuse de l'Algérie postindépendance, ne parvient pas à masquer le sinistre. Pendant qu'on ouvre de nouvelles classes, des écoles entières sont délabrées, les APC détournant les chapitres budgétaires alloués pour leur entretien vers d'autres dépenses. Beaucoup d'enfants, à travers le pays, déjeunent toute l'année d'un repas froid faute de cantine. Ceux qui ont l'avantage de fréquenter un réfectoire se contentent du maigre menu auquel donnent droit 30 DA par élève quand le chef d'établissement, souvent gestionnaire de la cantine, ne rogne pas sur le misérable budget par une talentueuse comptabilité fictive qui lui remplit les poches. Personne n'ignore les travers de l'école algérienne ; ni ses travailleurs ni les parents d'élèves. Il ne suffit donc pas d'augmenter sporadiquement les salaires des préposés à l'éducation scientifique de nos enfants pour en améliorer le niveau. On doit oser une refonte globale du système en débarrassant impérativement l'approche éducative de l'empreinte idéologique issue d'un autre temps. D'un autre temps, comme Boubekeur Benbouzid, murmure‐t‐on sous les préaux des écoles d'Algérie.