Attendue depuis longtemps par une population désabusée qui se sentait boudée, la visite de Abdelaziz Bouteflika, hier à Bouira, a été une grosse déception pour les citoyens : le Président a tout bonnement évité de les rencontrer. Alors que l'annonce officieuse, il y a quelques jours, faisait état d'une visite de deux jours dans plusieurs endroits de la wilaya, celle d'hier s'est limitée aux seules inaugurations ayant eu lieu sur le tracé autoroutier (tunnel de Aïn Chiriki et viaduc de Oued Rekham) et les projets relevant du secteur des ressources en eau, à savoir le barrage et la station de traitement de Tilesdit (commune de Bechloul, à l'est de Bouira) et la pose de la première pierre du projet des grands transferts d'AEP à partir du barrage de Koudiet Asserdoun (Lakhdaria). Rien de particulier en fait. Bouira. De notre bureau Le président de la République, visiblement essoufflé, n'a même pas émis de remarques par rapport aux différents projets inaugurés. Tout semblait parfait, si l'on se fie à la façon dont le Président, au cours de sa visite éclair, a procédé aux inaugurations. Il y a certes les questions presque inaudibles posées par le président Bouteflika, mais qui n'étaient liées qu'aux aspects sécuritaires, notamment au niveau des ouvrages d'art de l'autoroute. Par ailleurs, faut-il noter, la frustration de la population de Bouira, celle-là même qui, durant toute la durée de cette visite, a souffert des embouteillages dus à la fermeture de pratiquement toutes les routes et autres voies d'accès. Les citoyens interrogés se disent tout bonnement désespérés, car le Président aurait dû au moins jeter un petit coup d'œil à leur misère. Des dizaines de citoyens se sont, à cette fin, regroupés dans plusieurs endroits de la ville dans l'attente du passage du cortège présidentiel. Mais peine perdue : Bouteflika est allé voir ailleurs, préférant contourner les agglomérations. Un peu partout, c'est la même impression. Que ce soit dans la région ouest ou dans la région est qui, jusque-là, étaient pratiquement « boudées » par les hautes autorités du pays, c'est la même image de désespoir. Pourtant, il suffirait, peut-être, d'une virée dans les villes, les zones industrielles et autres vastes plaines pour se rendre à l'évidence : Bouira est une wilaya qui attend un geste salutaire pour amorcer son développement. Les retards dans la réalisation des différents projets, même ceux structurants, pourtant annoncés en grande pompe, sont édifiants à plus d'un titre. Même l'annonce par le ministre de l'Intérieur, M. Zerhouni, de l'attribution à la wilaya d'une enveloppe de 9,7 milliards de dinars dans le cadre du programme complémentaire n'a pas égayé les Bouiris, eux qui savent combien leur wilaya accuse un retard énorme en matière de développement. Enfin, faut-il souligner que la visite présidentielle d'hier n'a pas été pour beaucoup de choses, dans la mesure où seuls les projets déjà annoncés ont été visités. L'on serait tenté de dire que le président n'a pas du tout vu Bouira. Parmi les différents projets programmés pour cette visite, l'on cite le tunnel de Aïn Chriki (Djebahia) dont seul un tube est désormais ouvert à la circulation dans une seule direction, au même titre que le viaduc de Oued Rekham (Aïn Turk). Sur le même tronçon autoroutier, le Président a inauguré, en présence du ministre des Travaux publics, les sections autoroutières Bouira-Bechloul sur 11 km et Kadiria-Bouira sur 18 km. Les projets relevant du département de Abdelmalek Sellal, présent lui aussi, sont le barrage de Tilesdit (Bechloul) destiné à l'alimentation en eau potable de quelque 291 000 habitants et l'irrigation de 7000 ha, la station de traitement AEP et le projet de transfert d'eau à partir du barrage de Koudiet Asserdoun pour une dotation de 101 hm3/an à distribuer à 14 centres urbains relevant des wilayas de Tizi Ouzou, Bouira, Médéa et M'sila.