L'affluence n'est pas grande la journée ; mais la soirée, on a peine à passer par cette rue, qui prend l'aspect d'un gros grill-room avec tous les clients qui cherchent où garer. » Khoudja est un « crieur » qui remplace ses frères, qui ont travaillé dans les restaurants de Mohammadia qui ont commencé à prendre des proportions depuis le milieu des années 1990. Le nombre de ces espaces a tellement augmenté que le quartier de l'ex-Lavigerie a pris pour nom Cinq Poulets. Les commerces donnant sur la grande rue offrent un aspect lugubre : des façades lugubres et un mobilier déglingué occupent tous les trottoirs. « Je préfère faire un détour par la Radieuse, passer par ici c'est prendre le risque de recevoir toute la saleté des voitures et des boutiques sur la figure », rappelle Salim qui habite à Belfort. La chaleur de l'été est démultipliée en passant par cette route « pleine » de restaurants de vendeurs de poulets, « une trentaine », laisse-t-on entendre. Reste que les travaux engagés depuis quelques jours en ont avachi davantage l'aspect. Le tramway doit passer par cette rue avant de rallier Bab Ezzouar, plus loin. Les magasins, qui s'y trouvent, ont été détruits et seul un grand restaurant a été laissé. L'effort du gérant a été redoublé : la terrasse du restaurant a été réaménagée, alors que le nombre de grills donnant sur la route a doublé. La route s'est dégradée : des tranchées furent réalisées le long des magasins de l'autre côté de la route nationale et pour « s'y approvisionner », des clients doivent enjamber ces fossés qui ne seront pas remblayés de sitôt. « On doit en vouloir surtout aux personnes qui y vont. Les pratiques se font sous la barbe des clients qui ne bronchent pas », soutient Mohamed qui affirme que les personnes qui « s'approvisionnent de ces commerces sont intraitables ». « Comment ne le sont-elles pas alors que l'affluence ne diminue pas même la nuit », poursuit-il. « Il y a parmi les gérants certains qui écoulent jusqu'à 600 poulets », relève Khoudja. « 900 », rétorque mi-taquin son ami, et ce, au plus fort de la crise de la grippe aviaire qu'on détecte chez le voisin, mais pas chez nous ». « Comment se peut-il que des gens achètent des poulets, alors que la situation dans laquelle se trouvent les commerces est indescriptible ? De la poussière et de la crasse partout avec surtout ces cafards qui te narguent », se désole un passager d'un bus, en affirmant qu'il a vu une scène qui l'a grandement choqué : un employé en train de « griller » les poulets avec un chalumeau. « C'est leur manière à eux de dorer le poulet et de précipiter sa cuisson. » Effet direct : les poulets perdent de leur goût. Ni les services de l'Apc de Mohammadia ni ceux de la DCP, qui ne font que rarement leurs « descentes » ici, ne semblent décider à prendre des mesures cœrcétives pour faire respecter les règles d'hygiène. Les commerçants ne font aucun effort, puisque la clientèle ne boude pas l'endroit. La même prestation, et toujours un comportement indécent des crieurs qui vous happent presque en passant devant leur boutique. Des fermetures, il y en a eu depuis 2003, et les agents de la DCP font des contrôles, sauf que les commerçants sont toujours là. Contacté, le P/Apc de Mohammadia s'est refusé à parler de ces commerçants qui se trouvent sur son territoire.