La journée d'étude sur le haut débit, organisée hier par le ministère de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, a démontré que notre pays a un grand retard à rattraper dans ce domaine. Hamid Bessalah, ministre du secteur, a révélé qu'un état des lieux est en cours au niveau des administrations et opérateurs économiques. « Tout est ouvert, tout est mis à débat », a-t-il précisé. Dans ce cadre et pour l'appropriation des TIC par les habitants à l'horizon 2010, le défi est d'implanter 6 millions d'ordinateurs dans les entreprises et les foyers algériens. Or, au train où vont les choses, cet objectif ne sera pas atteint. Il s'agit d'entreprendre désormais des projets avec une vision parfaite de ce que l'on en attend, des objectifs que l'on s'est fixé, des méthodes que l'on va utiliser pour y parvenir et des résultats attendus. Les discours dominants des différents ministres des PTIC qui se sont succédé ont été à sens unique, soumis à l'air du temps, n'œuvrant pas assez pour faire avancer l'Algérie dans « la société de l'information ». Les colloques, les programmes, les budgets faramineux et la volonté politique ne pourront rien y faire sans une métamorphose profonde de la perception des TIC par nos dirigeants. Selon Hamzaoui, vice-président de l'AAFSI et directeur général de Seri, les points faibles sont « des réseaux filaires vétustes, une gestion des fréquences anarchiques, une régulation inadaptée, une faiblesse de compétition et du contenu, un nombre d'ISP très insuffisant, une bureaucratie et une résistance au changement, une diabolisation du privé et la tarification ». Pourtant, des opportunités existent : « Embellie financière, marché ouvert et en plein développement, besoin en matière de contenu, mise à niveau des administrations, citoyens de plus en plus exigeants et la convergence de la technologie. » Ali Kahlane, secrétaire général de l'AAFSI et PDG de Satlinker, a donné des statistiques à remettre les pieds sur terre. Il existe, selon des estimations, 10 000 sites web algériens dont 3000 avec le nom du domaine en .dz. Selon le Cerist, il y aurait 1000 sites actifs. 31 sites web des ministères sont actifs sur les 37 possibles. Ce sont des sites alibis ou de simples pages d'accueil. Il existe 8 sites de chef de wilaya sur les 48 et 1000 sites perso (blogs) qui parlent des régions et des villages. Une quarantaine d'ambassades d'Algérie à l'étranger sont sur le web sur les 150 possibles. Le site officiel de la présidence de la République (www.elmouradia.dz) est loin de constituer un modèle de site dynamique. « Il a mis 2 minutes pour monter et quand j'ai cliqué sur le lien Conseil constitutionnel, j'ai été dirigé vers un site de tourisme qui vend des séjours de vacances ! », a-t-il dit. Hier, la page du site de la présidence était introuvable en dépit de nos nombreuses tentatives. Lahouari Belbari, directeur général de Cisco Algérie, a affirmé : « La connectivité à haut débit a le pouvoir de transformer les économies. Elle attire de nouvelles entreprises et permet aux administrés d'accéder aux services publics depuis leur domicile ou leur lieu de travail. » Nagi Abboud, directeur général adjoint chargé des opérations à Orascom Télécom Algérie (OTA), a souligné : « Le haut débit mobile est encore à ses débuts mais il est prévu une utilisation croissante dans les années à venir. L'Algérie est encore en retard sur ce pas technologique et le haut débit permettra de réduire la fracture numérique. »