Un workshop sur l'économie fondée sur la connaissance (EFC) a été organisé mardi et mercredi derniers au palais des Nations par le Conseil national économique et social (CNES), en collaboration avec des experts de la Banque mondiale. La rencontre a permis de faire connaître les grandes lignes de la stratégie «Algérie 2013», une projection aux objectifs multiples. Il a ainsi été relevé que l'Algérie veut faire émerger une réelle économie fondée sur le savoir, développer davantage ses projets de réformes. Mais qu'est-ce qu'une économie du savoir ? Pour Malik Si-Mohamed, conseiller du président du CNES, et enseignant à l'université de Tizi Ouzou, l'économie fondée sur la connaissance vise à modifier la manière de faire et de penser. L'idée, estime-t-il, est de faire fonctionner l'économie différemment, en s'appuyant sur de nouveaux instruments, sur les technologies de l'information, sur l'amélioration du climat des affaires, sur la formation et sur l'innovation. Ils s'agit en fait des quatre piliers sur lesquels repose l'EFC. Malik Si-Mohamed souligne que l'Algérie doit, et elle peut le faire, maîtriser les nouvelles technologies, aider à la créativité, à la réalisation de projets porteurs, et imprimer de la transparence au monde des affaires, entre autres. Optimiste, il estime que l'Algérie est en mesure de faire beaucoup de choses en matière d'économie fondée sur la connaissance. Et si l'on remontait dans le temps ? La notion d'économie fondée sur la connaissance est née avec la perception du rôle croissant de la production, la distribution et l'utilisation des connaissances dans le fonctionnement des entreprises et des économies. Ce n'est pas seulement la quantité de connaissances en circulation qui évolue et s'intensifie mais également les relations entre les agents dans la dynamique de création, d'exploitation et de distribution des connaissances. L'idée selon laquelle la connaissance joue un rôle central dans l'économie n'est évidemment pas nouvelle. Toutefois, les modes de production et de diffusion des connaissances évoluent au cours du temps et de nombreux arguments plaident en faveur d'un changement dans la nature tant quantitative que qualitative de la relation entre connaissance et développement économique. L'entrée dans l'économie de la connaissance rend l'analyse des systèmes productifs plus complexe. Les approches statistiques classiques fondées notamment sur la contribution au PIB des différents secteurs d'activité et les tableaux inputs-outputs ne permettent pas de saisir les principales caractéristiques de la création et de la circulation de la connaissance. En d'autres termes, la transformation du mode de fonctionnement des économies doit s'accompagner d'un renouvellement des instruments de mesure des phénomènes économiques. Cela veut dire qu'une profonde métamorphose doit s'opérer dans l'économie nationale. Est-ce possible dans la pratique ? Malik Si-Mohamed est formel : une économie moderne fondée sur le savoir est à notre portée, à condition qu'on y accorde de l'importance. Le workshop sus-évoqué a, en vérité, constitué une belle occasion de discuter de ce qui est en train de se faire dans un ensemble de secteurs en termes de rénovation et de développement. Le ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, Hamid Bessalah, présent à cette réunion, a fait un long exposé sur le secteur dont il a la charge. H. Bessalah a ainsi parlé de «l'accélération» de la couverture en accès à haut débit et très haut débit à l'ADSL. Et de l'usage des technologies de l'information et de la communication (TIC) par l'administration. Il a également mis en avant l'intégration des TIC dans l'activité économique comme e-Education, e-Banking, e-Commerce. L'intervenant a estimé nécessaire le développement des mécanismes et mesures incitatives à même d'accroître l'accès des ménages et des petites entreprises aux équipements et réseaux à haut débit. Il dira que disposer d'un PC est aujourd'hui «un besoin», évoquant la mise à la disposition des élèves et étudiants d'un laptop avec contenu. Le ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication a insisté, dans sa présentation, sur le «développement des compétences humaines», affirmant que la demande dépasse l'offre, le nombre d'informaticiens formés annuellement étant de 5 500, ce qui est très peu, a-t-il dit. Il faut démultiplier la formation car les besoins sont énormes, a-t-il ajouté. Hamid Bessalah a par ailleurs annoncé qu'un «statut particulier» pour les ingénieurs en TIC est en phase d'élaboration, faisant également savoir que 52 laboratoires dans le domaine des TIC ont été recensés. Le conférencier a suscité un large débat autour de l'exposé qu'il a fait. Une partie de son exposé a fait l'objet de critiques. Mustapha Mekideche, membre du CNES, s'est interrogé, par exemple, sur les chiffres d'affaires dégagés par les différents opérateurs de la téléphonie mobile, des chiffres que Hamid Bessalah a livrés dans l'exposé qu'il a présenté. La ministre déléguée chargée de la recherche scientifique, Souad Bendjaballah, était également de la partie. Elle a estimé devant les animateurs du workshop en question que la recherche scientifique constitue un pilier de l'économie fondée sur la connaissance (EFC), une priorité dans l'agenda du gouvernement. Bendjaballah a affirmé que les dispositions législatives adoptées dans le secteur qu'elle gère consacrent la recherche scientifique et le développement technologique comme priorités nationales qui visent le développement économique, social, culturel et technologique du pays. Dressant un état des lieux de la recherche scientifique en Algérie, la ministre a indiqué qu'elle bénéficie de 1% du PIB et d'un financement de l'ordre de 28 milliards de dinars lors du premier quinquennat, porté dernièrement à 100 milliards par le président de la République. Est-ce suffisant ? Un élément de taille, cependant : selon elle, ce n'est pas le budget affecté au secteur qui pose problème mais plutôt les capacités d'absorption. Souad Bendjaballah a par ailleurs fait état de la création de 639 laboratoires, de 18 centres de recherche et de 6 unités de recherche, faisant remarquer que le potentiel scientifique humain s'élève à 12 000 enseignants-chercheurs et à 1 500 chercheurs permanents. Bendjaballah a cependant relevé que le système de recherche est «prioritairement» orienté vers une «recherche-formation», indiquant à titre illustratif que, sur les 7 000 projets de recherche recensés, 64% sont des projets menés au sein des universités. La ministre est, en outre, revenue sur les orientations données récemment par le président Bouteflika lors de la réunion d'évaluation consacrée à son secteur, où il a notamment appelé à concevoir les objectifs de recherche en association avec les entreprises et les autres partenaires socio-économiques dans le cadre d'une concertation organisée et permanente. Elle a également rappelé que le chef de l'Etat a insisté, entre autres, sur la constitution de réseaux thématiques de recherche à inscrire parmi les priorités du secteur. Autre chapitre discuté à la faveur de cette conférence sur l'économie fondée sur le savoir : le climat des affaires en Algérie. Dans un exposé brillamment présenté par le chef de cabinet du ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements, une série de lacunes ont été sériées. L'intervenant a mis en relief certaines procédures à la mode aujourd'hui dans le monde des affaires, des formules qui font que tel pays est mieux classé qu'un autre. Des pays comme l'Egypte ou la Géorgie se portent mieux, en ce qui concerne le climat des affaires. Les améliorations que ceux-ci enregistrent font partie de l'économie fondée sur la connaissance. Y. S.