Il est connu que ce sont les malades qui lancent des SOS pour une prise en charge. Mais là, nous avons affaire à des médecins, plus est, venus des Etats-Unis pour secourir les enfants algériens atteints du redoutable spina-bifida. Une maladie mortelle qui se caractérise par la non-fermeture du tube neural-cervical, thoracique et lombaire, provoquant un manque de vitamines et un manque d'acide folique. Tous les Algériens gardent sans doute cette image horrible et poignante du petit Mounib, parue dans notre journal. Elyas Filali, un compatriote commerçant à Londres, a tôt fait d'afficher la vidéo sur le site « Youtube ». L'histoire et la souffrance du petit ont rapidement fait le tour du monde au point où les offres de prise en charge ont dépassé toutes les espérances. Mounib, qui a failli mourir en silence à l'hôpital Mustapha, a été transféré aux Etats-Unis dans la célèbre clinique Mayo où il a été opéré avec succès en décembre 2007. Ce sauvetage d'une mort certaine a eu lieu grâce à la sensibilité et à la générosité d'un éminent neurochirurgien américain, l'Algérien Azedine Medhkour. Mounib, le facteur « déclenchant » de l'ASAA Ce chef de division de neurochirurgie du centre médical de l'université de Toledo dans l'Ohio a rameuté la communauté scientifique américaine et ses confrères algériens et « joué » les connaissances pour obtenir enfin que le petit Mounib soit pris en charge. Mieux, notre professeur qui vient d'être admis à la prestigieuse American College Of Surgeons (l'académie américaine de neurochirurgie) a mis sur pied le 12 de ce mois l'Association des scientifiques algéro-américains (ASAA) à New York pour servir de point de chute aux scientifiques algériens qui « atterrissent » aux Etats-Unis. En plus de prendre en charge des cas comme celui de Mounib, cette association vise à faciliter les échanges scientifiques dans le domaine médical entre les professionnels des deux pays. Azedine Medhkour et ses complices de l'association, les Dr Stambouli Taha Merghoub, Dr Nafa Douja, Ilhem Guernah, la responsable du site vont désormais en guerre contre le redoutable myéloméningocèle, la maladie de Mounib. Pour ce faire, ils comptent sur l'apport précieux de Harlem Children Society (HCS), dirigée par des Indiens et l'Algerian Americain Association of Greater, basée à Washington. Grâce à ce travail de sensibilisation dans le milieu scientifique américain, la jeune association a ouvert bien des portes. Même le fameux responsable des instituts de santé publique US, l'Algérien Elyas Zerhouni a vivement encouragé nos médecins en leur promettant de les aider autant que faire se peut. Mais si les portes s'ouvrent à Washington et à New York, ce n'est pas forcément le cas à Alger. Nos médecins peinent à trouver une oreille attentive pour assurer ici en Algérie un « point de chute » à leur travail. Il s'agira concrètement de trouver une structure – un CHU de préférence. Pour pouvoir opérer en Algérie les enfants atteints de la même maladie que Mounib et de leur assurer des soins post-opératoires « qui n'existent pas en Algérie ». Nos scientifiques souhaitent également concrétiser le projet promis par Amar Tou de créer un CHU dédié exclusivement à la pédiatrie. Mais en attendant un geste du nouveau ministre de la Santé, ces Algériens venus des States tiennent à rassurer et à sensibiliser que « ces enfants sont traitables ». Le patron de la Forem, Mustapha Khiati, le président de l'Ordre des médecins, Dr Bekkat et le Pr Noasserdiine Djidjeli, président de la société de la chirurgie pédiatrique, joignent leurs voix à cet appel pour établir un pont scientifique entre Alger et Washington. A commencer par la tenue en novembre des premières journées neurochirurgicales algéro-américaines à Alger. Les organisateurs comptent beaucoup sur l'apport des sponsors pour jeter les passerelles médicales et scientifiques entre les deux pays.