Ils sont là à narguer les clients et leurs comportements deviennent encore plus insupportables l'été. Les chauffeurs de taxi n'en font qu'à leur lubie. « Des taxieurs m'ont laissé sur place lorsqu'ils ont su où je voulais me rendre. Un autre m'informe qu'il m'emmènera jusqu'au Musset à Belouizdad mais pas au-delà, obligeant une dame, accompagnée de ses deux filles qui voulaient descendre plus loin, à héler un taxi sur la rue Hassiba qui en grouillait », soutient M. Khelfoun. Une fois la moitié du trajet parcourue, le chauffeur de taxi informa M. Khelfoun qu'il ne passera pas par la rue longeant la Maison de la presse et qu'il le « déposera quelques mètres plus haut », mais que fut la surprise de l'infortuné lorsque le chauffeur « le heurta presque », le véhicule plein de clients. Mais qui peut s'en prendre à ces chauffeurs, surtout ceux possédant des compteurs ? « Mes collègues cherchent de faux-fuyants », reconnaît Mustapha Gougam, chargé de l'administration au bureau des chauffeurs de taxi de la wilaya ,en parlant des quelque 1200 taxis reconnus par la direction des transports qui est « seule à remettre en cause ». Le constat est tout aussi amer dans les localités de l'est d'Alger. « Les prix exorbitants encouragent les clandos. Le roi est le chauffeur, pas le client puisqu'il ne choisit pas souvent sa destination. Toujours les mêmes rengaines : ici, il y a une piste, là ma voiture va chauffer. Toute cette litanie de chauffeurs cupides vous est servie », rappelle Kheireddine qui exerce à ses « heures perdues » le métier de clandestin pour lequel beaucoup d'Algérois ont opté. Racistes, les chauffeurs de cette région, où se sont installés plusieurs ressortissants subsahariens, le sont aussi. « Ils refusent de prendre des noirs surtout s'ils sont en famille. Là, il faut pas trop y compter, les chauffeurs ne manqueront pas de jeter un niet à la figure du client », poursuit Kheireddine en faisant remarquer que si ces chauffeurs les prennent, ils « leur soutirent de l'argent sans trop se gêner ». « 5000 da à Staouéli, c'est le montant d'une course d'un chauffeur qui a conduit un noir d'Alger à Staouéli, commune de l'ouest algérois, où il n'y a pas beaucoup de taxis. » Pour Hicham, cadre d'une entreprise privée, le constat n'est guère reluisant sur les hauteurs d'Alger. « A Hydra, on en trouve pas tellement et les seuls qui roulent n'en font, là aussi, qu'à leur tête. La course de la cité Sellier au centre de Hydra est chiffrée à 200 da », assure-t-il en rappelant l'épisode de sa sœur venue de Suède. « Là, tu n'es pas en Suède, se verra-t-elle répondre en voulant corriger un chauffeur de taxi qui ne se soucie d'aucune réglementation ni des autorités censées les appliquer », insiste-t-il. La réplique du chauffeur à la cliente récalcitrante fut immédiate : « Quelle loi respecter et puis s'il y en a, pourquoi demander aux seuls chauffeurs de taxi d'en tenir compte ? ». Des sanctions sont pourtant prévues par la loi. « Pas moins de 15 de nos collègues sont sanctionnés chaque semaine, mais une fois leurs papiers transmis à la direction des transports d'El Biar, ils leur sont remis », se désole M. Gougam, en affirmant que la commission technique, formée de représentants des chauffeurs de taxi et ceux de la direction des transports, n'est plus convoquée. Taxi à la dérive...