C'est une « année agricole faste » du point de vue pluviométrie, assurent les doyens des fellahs de la région des Ziban, véritables encyclopédies orales selon leurs pairs ; ces « spécialistes » de l'agriculture traditionnelle oasienne ajoutent que pour la troisième année consécutive un « automne pluvieux chassera le spectre de la sécheresse pour le reste de l'année ». Ce n'est pas le directeur de l'hydraulique A. Sellam, qui les contredira, lui qui nous a confirmé que les deux principaux barrages de la région sont non seulement plein d'eau, mais le trop-plein est actuellement évacué par les déversoirs et autres évacuateurs de crues. « Les eaux déversées à partir du barrage de Foum El Kherza, édifié il y a plus d'un demi-siècle, ajoute A. Sellam, vont irriguer les plaines céréalières situées en aval, en direction des localités de Sidi Okba, Sériana et Guarta. Par ailleurs, pour réduire l'envasement de cet ouvrage d'art, des travaux de reboisement sont effectués actuellement en amont du côté de Lahbel dont les palmiers font trempette dans les eaux de l'immense lac. La retenue est évaluée à peine à une dizaine de millions de mètres cubes du fait du volume considérable de boue qu'il recèle, estimé aux 2/3 de la capacité totale du barrage. » Quant à celui de Fontaine des Gazelles, de récente facture, érigé dans la daïra d'El Outaya et dont les eaux ont commencé à irriguer, en plus de 1000 ha du périmètre de Mkheimnet, les terres longeant les rives de l'oued de Sebaâ Mgataâ jusqu'à la ferme Driss Amor, stocke ces jours-ci plus de 55 millions de mètres cubes. En plus des lâchers ponctuels, il déverse lui aussi son trop-plein dans l'oued Haï, et ce, à la grande satisfaction de céréaliculteurs de la région. En matière d'hydraulique agricole, plusieurs indices permettent aux agriculteurs du Ziban d'appréhender sereinement le proche comme le lointain avenir : d'abord le remplissage des barrages, des retenues collinaires et autres « djoub », ensuite la remontée spectaculaire du niveau de la nappe phréatique constatée, partout à travers le territoire d'une wilaya qui compte 15 000 points d'eau, puits et autres forages, enfin la généralisation de l'irrigation économique par le biais du système du goutte-à-goutte, encouragé par l'Etat, à coups de subventions tous azimuts, sans oublier, bien sûr, les grands travaux entrepris récemment dans le cadre de l'opération de drainage et pourquoi pas de recyclage des eaux retenues en excès dans les couches argileuses et remontant à la surface, résultat de l'irrigation traditionnelle, grande consommatrice d'eau et pratiquée encore dans les anciennes palmeraies.