A peine quelques heures après la mise sous mandat de dépôt de 14 jeunes harraga originaires de l'Algérois par le procureur près le tribunal de Annaba, une centaine d'autres n'a pas hésité à tenter sa chance à partir des plages de la ville. Annaba : De notre bureau Ainsi, les gardes-côtes de la station maritime principale de Annaba ont intercepté et arrêté, jeudi dernier, dans deux opérations différentes, 5 barcasses dans lesquelles avaient pris place 103 harraga dont une fille de 20 ans et un enfant de 15 ans. A l'arrivée au quartier général des gardes-côtes, une vingtaine parmi eux a profité de la confusion pour prendre la fuite. Poursuivis, seuls 17 ont pu être rattrapés. Agés entre 15 et 30 ans, ils sont venus de partout, Skikda, Guelma, Constantine, Azzaba, Oum El Bouaghi et bien sûr de Annaba avec la ferme intention de fuir leur pays, l'Algérie. A bord de deux embarcations, les premiers 22 jeunes infortunés ont été signalés vers 9h, à 12 miles marins au nord de Ras El Hamra, par des chalutiers. Immédiatement, des unités semi-rigides les ont interceptés et arrêtés. Au nombre de 81 dont une fille, les seconds étaient à bord de 3 barcasses à fond plat non loin de leur « rêve », à 60 miles au nord de Ras Rosa (El Kala). Ils n'avaient pas imaginé un seul instant qu'ils allaient être interceptés par les ravitailleurs de la marine nationale qui ont été alertés par les gardes-côtes italiens. Ils étaient certains que la chance leur avait souri d'autant plus qu'ils n'étaient plus qu'à quelques encablures de la péninsule italienne. Pour les atteindre et les rapatrier, il a fallu plusieurs heures. Une fois à terre, une vingtaine parmi eux a tenté l'évasion. Seuls 6 harraga ont pu être arrêtés, 17 ont réussi à prendre la poudre d'escampette. En état d'éreintement, trois jeunes harraga, chétifs et la mine blafarde, ont été évacués vers les urgences de l'hôpital Ibn Rochd après une visite médicale faite par le médecin de la Protection civile. Leurs jours ne sont pas en danger. A en croire ces jeunes harraga, ils ont appareillé séparément dans la nuit de mercredi à jeudi à partir des plages de Sidi Salem, Seybouse (El Bouni), El Chatt (El Tarf) et Oued Bakrat (Seraïdi). « Nous avons payé 70 000 DA par place pour rejoindre nos amis déjà arrivés sur l'Ile de Sardaigne. Malheureusement, nous n'avons pas eu de chance. La malédiction pèse toujours sur moi. Fuyant la misère, sans l'aval de ma famille, je rêve d'un avenir meilleur en Europe. C'est légitime, non... », soupire un jeune de Oum El Bouaghi qui attend son tour à l'audition. D'autres ne s'en émeuvent pas et comptent récidiver, même au péril de leur vie. « Tant que je suis en vie je continuerai toujours à rejoindre l'autre rive même si je meurs en mer. Mourir en mer vaut mieux que d'être dévoré par les vers. Car en mer, je serai au moins considéré comme martyr », rétorque un autre, allongé à même le sol. Pour les auditionner, les gardes-côtes ont peiné toute la soirée de jeudi à vendredi. Même les locaux du siège des gardes-côtes se sont avérés trop exigus pour abriter un tel nombre de harraga. « Mes éléments se sont tué au travail pour auditionner un nombre aussi important de candidats à l'émigration clandestine. Ils ont veillé jusque tard dans la soirée pour établir leur PV à l'effet de les présenter devant la justice. Même les gardes-côtes du commandement ont peiné pour les sauver en pleine mer », note Zaïdi Abdelaziz, le chef de la station maritime principale des grades-côtes de Annaba. Agé de 15 ans, le mineur a été relaxé sur ordre du procureur près le tribunal de Annaba avant même qu'il ne soit présenté. Les autres, quant à eux, ont bénéficié d'une citation directe après leur présentation hier après-midi devant le procureur près le tribunal de Annaba. Rappelons qu'en une semaine, Annaba a enregistré un record en matière de harraga. En effet, en trois opérations, la gendarmerie, le BRI et les gardes-côtes de Annaba ont arrêté 62 candidats à l'émigration clandestine. Ce qui porte le décompte final à 165 harraga en une seule semaine.