La Caisse nationale de mutualité agricole (CNMA) n'offrira plus de services bancaires, a indiqué hier Djamel Barchiche, chargé de la communication au ministère de l'Agriculture et du Développement rural, qui confirme ainsi l'information rapportée par notre confrère Le Soir d'Algérie dans son édition de dimanche. « Il s'agit d'un redéploiement qui permettra de servir les agriculteurs plus efficacement », a-t-il souligné. Pour pallier la défection de cet important acteur dans le financement de l'agriculture, il sera procédé au renforcement des prérogatives de la Banque de l'agriculture et du développement rural (BADR) qui prendra le relais de la CNMA. Cette dernière reviendra quant à elle à sa vocation initiale en redevenant une caisse mutualiste offrant des produits d'assurance spécifiques aux agriculteurs. La CNMA Banque avait été créée en 2005 et avait lancé ses activités en 2006. En 1995, elle avait bénéficié d'une dérogation pour exercer des activités bancaires. Sa filiale, la Salem, qui finançait, à travers la formule du leasing, l'acquisition d'équipements agricoles pour le compte des exploitants agricoles, va également passer à la trappe. Selon notre confrère Le Soir d'Algérie, le chef du gouvernement a lui même mis fin, en août dernier, aux activités de crédit de la CNMA et à celles de leasing de la Salem. La décision a été prise lors du conseil interministériel du 16 août 2008. La CNMA est soumise à l'audit, par l'IGF, de son patrimoine et à une liquidation prévisible, et la Salem est mise en liquidation, précise la même source. L'une des raisons qui ont motivé la décision du gouvernement est liée aux créances accumulées par la CNMA Banque qui s'élèvent à 17 milliards de dinars difficilement recouvrables ; elle se retrouve avec un actif net négatif de 15 milliards de dinars, mentionne-t-on. Pour ce qui est de la Salem, l'on évoque « un dévoiement » de sa mission, assimilable à « un abus de biens sociaux, à travers l'engagement de plus de 100 millions de dinars en prêts pour l'achat de véhicules particuliers pour les cadres du secteur de l'agriculture ». Une opération « maquillée » sous la dénomination de « leasing véhicules », relève la même source. La Salem n'arrive pas à recouvrer près de 2000 millions de dinars de crédits leasing. Elle affiche en outre un passif de 4125 millions de dinars, un déficit de 665 millions de dinars et des fonds propres limités à 10 millions de dinars seulement, note encore Le Soir d'Algérie. Selon la même source, le PDG de la BADR a été mandaté par le gouvernement pour animer un groupe de travail regroupant des représentants des ministères des Finances, de l'Agriculture et du Développement rural ainsi que d'entreprises publiques productrices de matériel agricole, chargé d'élaborer des recommandations pour une politique de leasing efficace. Ce groupe de travail devra présenter ses conclusions, en conseil interministériel, durant la première quinzaine du mois d'octobre 2008.