Entre mini-polémiques et faiblesses, la 65e Mostra de cinéma de Venise s'est terminée sur un bilan mitigé, la presse italienne revenant notamment longuement, hier, sur le palmarès « de compromis » décerné par le jury, présidé par le cinéaste allemand, Wim Wenders. Pour Il Corriere della Sera, « une chose est claire : très peu de films ont plu au jury, parmi les 21 en compétition ». « Il n'y a eu que la Coupe Volpi de la meilleure actrice décernée à Dominique Blanc pour entamer le triomphe de trois films » - The Wrestler de Darren Aronofsky récompensé du Lion d'or, Teza de l'Ethiopien Haile Gerima (prix spécial du jury et scénario) et Paper soldier du Russe Aleksey German Jr. (Lion d'argent de la réalisation et photographie), résume le quotidien italien. Dans ce que certains appellent une « gaffe », Wim Wenders, n'a pas fait de mystère de sa « frustration » de ne pouvoir primer la performance de Mickey Rourke, bouleversant en vieux catcheur brisé dans The Wrestler. Car le règlement de la Mostra, qu'il a suggéré de « modifier », interdit de décerner un prix d'interprétation, la Coupe Volpi, au lauréat de l'un des trois récompenses majeures : Lion d'or, Lion d'argent ou Prix du jury. Composer le palmarès fut si difficile que Wenders a déclaré à la presse : « Je n'accepterai plus jamais, de ma vie entière, de participer à un jury ! » Dès lors, le prix du meilleur acteur attribué à l'Italien Silvio Orlando fait figure de lot de consolation pour l'Italie, qui a aligné cette année quatre titres en compétition, au final très modérément appréciés par le jury. « La sélection italienne n'a pas été à la hauteur de celle débarquée sur la Croisette » à Cannes, note ainsi Il Corriere della Sera. Et le véritable triomphe et l'ovation debout ont été réservés à l'Américain Mickey Rourke, en cravate à pois et chemise rayée, une « tenue de mafieux ». Ce fut le « seul moment de passion » dans une soirée dépourvue de glamour et émaillée de plats discours de remerciements, tels que le Merci maman ! de la benjamine Jennifer Lawrence, sacrée à 18 ans meilleur espoir, estime La Repubblica. Les fausses notes sont également venues du manque d' « hospitalité » du Lido et son Palais du cinéma vieillot où les projections sont de qualité médiocre, ainsi que de la faiblesse des infrastructures vénitiennes – les tarifs élevés des hôtels et restaurants pour des prestations moyennes – résume Il Gazzetino. Le directeur artistique de la Mostra, Marco Müller, qui entame un deuxième mandat de quatre ans, a suggéré d'organiser à partir de 2009 un hébergement provisoire bon marché destiné au public d'étudiants et de jeunes passionnés de cinéma pour qui la manifestation est très onéreuse. La baisse de fréquentation du festival cette année, qui devrait au final tourner autour de 10% selon les chiffres donnés par les organisateurs de la Biennale, inquiète aussi.