Sale temps pour les Marocains ! Le royaume chérifien n'a pas eu le temps de digérer le départ de l'envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies au Sahara occidental, Peter Van Walsum, qu'il reçoit une autre gifle. Cette dernière vient de la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, qui a dit qu'elle préférait s'en remettre au Conseil de sécurité de l'ONU pour la résolution du conflit au Sahara occidental. Mme Rice, interrogée dimanche à Rabat, estimait qu'il est grand temps de régler le conflit du Sahara occidental, ajoutant que les Etats-Unis soutiendront les discussions à venir entre le Maroc et le Front Polisario. « Il est temps que ce conflit soit résolu », a-t-elle déclaré lors d'un point de presse conjoint avec son homologue marocain, Taïeb Fass-Fihri. « Il va y avoir une nouvelle série de négociations, nous allons la soutenir. Il y a de bonnes idées sur la table et des moyens d'aller de l'avant », a affirmé Mme Rice, en évoquant la nouvelle série de négociations entre le Maroc et le Front Polisario qui doivent se dérouler à Manhasset, près de New York, à une date qui n'est pas encore précisée. La secrétaire d'Etat américaine préfère ainsi parler de « bonnes idées » en faisant allusion aux propositions des deux parties en conflit, mais à aucun moment elle n'a prononcé le mot « autonomie ». Un plan que le Maroc est seul à défendre alors que le Front Polisario se bat pour une issue au conflit du Sahara occidental, prévoyant la tenue d'un référendum d'autodétermination. Une issue adoptée par les Nations unies et conforme à la légalité internationale. « La déclaration de Condoleezza Rice est plus équilibrée et plus nuancée par rapport à toutes les déclarations faites par les Américains devant le Conseil de sécurité depuis avril 2007 », a estimé hier le représentant du Front Polisario auprès de la Minurso. Contacté, M'hamed Khedad, qui est aussi un des membres de la délégation sahraouie aux négociations de Manhasset, s'est réjoui du fait que les Etats-Unis soient pour une solution « mutuellement acceptable » au conflit du Sahara occidental. « Mme Rice parle de nouvelles idées sur la table, mais à aucun moment elle n'a prononcé le mot autonomie. Cela constitue une grande évolution dans la position américaine », a ajouté M. Khedad. Mais il n'en demeure pas moins que ce diplomate sahraoui se montre plutôt « prudent » par rapport à la position américaine sur le conflit, et ce, même si la sortie de Mme Rice est qualifiée par les Sahraouis d'une autre « victoire ». « De là à dire qu'il y a un changement de la position américaine, on n'en est pas encore là, mais avec le départ de M. Walsum et la sortie médiatique de Mme Rice, c'est le plan marocain qui s'essouffle », a lancé M. Khedad. Autant dire qu'avec ces développements, le Maroc traverse des moments difficiles. Sinon comment expliquer le fait que le roi est le seul chef d'Etat de la région à ne pas avoir reçu la responsable de la diplomatie américaine, Condoleezza Rice ? « Le roi multiplie ses échecs et il est mécontent », a commenté à ce propos le diplomate sahraoui.