Rien de plus alléchant et de plus agréable que l'odeur qui se dégage du restaurant du cœur (rahma) installé dans les locaux de la Munatec de Bouira. Elle emplit la cuisine, s'échappe par le couloir, se répand généreusement dans les deux salles à manger pour venir titiller le nerf olfactif à défaut des papilles gustatives de ceux qui s'aventurent en ce lieu dédié à la gastronomie. Dans les 6 marmites qui mijotent sur le feu, il y a de quoi faire le bonheur ce soir de 300 jeûneurs : 300 plats de chorba et 300 autres de ragoût de viande. C'est en effet le menu de ce soir. Il n'est que 13 h, et Abderrahmane, le cuisinier qui a accepté de quitter son modeste restaurant qu'il tient aux 1100 Logements pour s'occuper de celui de la Munatec, a l'air d'avoir tout le temps pour lui. A l'heure dite, tout sera cuit à point et servi. Point de hâte donc chez lui. On sent que, chez lui, l'art de cuisiner ne consiste pas seulement à réussir de bons plats mais de les servir au bon moment. Pour accueillir les 300 à 400 jeûneurs qui se présentent chaque soir au moment de la rupture du jeûne, Abderrahmane s'est fait entourer d'une quinzaine de jeunes volontaires. Ces derniers, à l'heure du service, accrochent un badge au revers de leurs chemises et se mettent au travail. Il y a ceux qui n'entrent que pour en sortir et qu'il faut également servir, ils préfèrent emporter leurs repas. Au dessert, les commensaux, reçoivent des bananes, des pommes des raisins ou des poires. Pour la boisson, ils boivent du soda. Les bienfaiteurs qui se comptent par dizaines fournissent, le pain, la viande, les légumes, les fruits et les boissons. Ainsi, à titre d'exemple, le restaurant de la rahma reçoit sous forme de dons 400 pains, 15 caisses de limonade par jour et une grande quantité de viande, de légumes et de fruits. Les portes du restaurant ne s'ouvrent pas seulement devant les nécessiteux qui viennent des quatre coins de la ville, mais également pour tous ceux que surprend l'heure de la rupture du jeûne. Dans un coin de la cuisine trône une rôtisserie. Si les dons se diversifient davantage, il y a des chances pour qu'elle serve avant longtemps. En tout cas, Abderrahmane en est convaincu, c'est pourquoi, il a fait venir cet appareil coûteux de chez lui.