Durant le mois de Ramadhan, le volume des déchets ménagers augmente à hauteur de 20 à 30 %, fait savoir l'association nationale pour la protection de l'environnement et la lutte contre la pollution (ANPEP). Ce qui entraîne l'apparition de nouvelles décharges sauvages. Déjà, la wilaya de Annaba, l'une des villes les plus polluées d'Algérie, en compte pas moins d'une trentaine où sont quotidiennement déversées près de 1 000 t de déchets solides dont la moitié est produite par la seule commune du chef-lieu. Bien que le programme de mise en place des bennes de l'Allemande GTZ dans les quartiers à forte concentration urbaine ait quelque peu pu apporter un plus, le problème de gestion de ces déchets demeure un grand souci pour les autorités locales. Selon M. Halimi, président de l'association Anpep, Annaba vit actuellement une crise écologique sévère à l'image des 39 autres grandes villes d'Algérie, et à ce propos il cite la « dégradation du cadre de vie, l'intensification des pollutions diverses, la prolifération des déchets urbains et industriels, la gestion inappropriée des déchets, la multiplication des décharges et des dépotoirs clandestins… » En l'absence de stratégie efficace de gestion et surtout l'absence de prise de conscience aussi bien à l'échelle collective qu'individuelle, Annaba ne pourra jamais respirer de l'air pur. « L'arrivée des Allemands, dont l'expérience en matière de gestion des déchets ménagers est un modèle en Europe, a quelque peu secoué les mentalités. Ces partenaires ont eu à constater que les déchets ménagers sont gérés d'une façon archaïque qui ne répond nullement aux normes universellement établies », souligne l'écologiste. Pourtant, au plan institutionnel, notre pays a, depuis le début des années 1980, adhéré à plusieurs conventions et engagements internationaux ayant trait à la gestion des déchets solides. « Malheureusement, sur le terrain, les objectifs tracés se sont avérés tout autres, à savoir : augmentation des déchets en terme de production, prolifération des décharges sauvages qui gangrènent de plus en plus les espaces urbains, ce qui a mis les autorités locales dans l'incapacité d'assurer un environnement sain aux populations », regrette notre interlocuteur. Pour étayer ses dires, il citera les exemples de plusieurs localités où les habitants semblent s'acclimater aux odeurs pestilentielles que dégagent les décharges sauvagement implantées à Boukhmira, Bousedra (commune El Bouni), Sidi Brahim et Rym (Annaba) et El Hadjar. Avec sa trentaine de dépotoirs clandestins, la ville de Annaba se classe en deuxième place après la capitale à l'échelle nationale. Sur ce plan, indique M. Halimi, le ministère de l'Environnement et de l'Aménagement du territoire fait état de l'existence de plus de 3 200 décharges sauvages dont 350 se trouvent au niveau des 40 grandes villes du pays. Ces décharges ont amputé les espaces urbains de plus 150 000 ha. A ce propos, le président de l'Anpep explique : « Les premières victimes de ce désastre écologique sont les agriculteurs. Ces décharges sont créées à l'abri des regards donc les lieux les mieux appropriés sont les communes rurales. Il faut dire qu'une grande partie d'entre elles occupent des terres agricoles surtout à El Bouni et El Hadjar ».