Les augmentations des salaires n'auront finalement pas servi à grand-chose si l'on tient compte du retour à l'inflation qui pointe du nez ces derniers mois. Le pouvoir d'achat des ménages sur lequel on a misé à la faveur du dernier relèvement des revenus salariaux n'a, en effet, pas eu lieu. Et pour cause. Le taux d'inflation moyen en Algérie a atteint 4,2% durant les huit premiers mois de l'année 2008, contre 3,5% en 2007 et 2,5% en 2006, selon l'Office national des statistiques (ONS), qui explique cette situation par la hausse des prix des biens à la consommation. Selon les statistiques de l'Office, reprises hier par l'APS, les prix des biens à la consommation ont enregistré une hausse de 7,5% dont 14,2 % pour les produits alimentaires industriels et 1,4% pour les produits agricoles frais. C'est dire que les poussées inflationnistes sont dues à ce niveau aux importations dont la facture connaît des niveaux de plus en plus importants. Les prix des produits manufacturés ont également progressé de 1%, alors que ceux des services ont évolué de 1,4% pendant la même période de référence, précise notre source. Cette augmentation « s'explique essentiellement par l'envolée des cours des matières premières sur les marchés mondiaux », explique encore l'ONS. Les statistiques recueillies par l'Office montrent ainsi qu'à l'exception d'une baisse des prix de la pomme de terre de l'ordre de 23%, du sucre et des produits sucrés de 3,5% et la viande et abats de bœuf de 0,3%, tous les autres produits du groupe alimentation s'étaient inscrits en hausse. Cette augmentation des prix a touché beaucoup plus les huiles et graisses (+43,8%), café, thé et infusion (+30,5%), poissons frais (+19,5%), fruits (+14,8%), pain et céréales (+7,9%), lait fromage et dérivés (+8,9%) et légumes (+6,7%). Elle s'est étendue également aux viandes et poissons en conserve (+1,6%), à la viande et abats de mouton (+1,4%) et aux boissons non alcoolisées (+0,1%). Cependant, beaucoup de spécialistes affirment que le taux d'inflation avancé par l'ONS ne reflète pas la réalité du terrain. On soutient que l'office doit réviser les critères qui président au calcul de l'indice des prix à la consommation, et ce, en tenant compte des nouveaux besoins exprimés par les consommateurs et pas seulement en consommation de biens alimentaires. L'ONS précise à ce propos qu'elle utilisera, dès fin octobre prochain, un nouvel indice des prix à la consommation pour mesurer le rythme d'inflation moyen, élaboré sur l'année de base 2001, et ce après sa validation par le Conseil national des statistiques (CNS). L'indice actuel des prix à la consommation, élaboré sur l'année de base de 1989, se compose de 260 articles représentés par 732 variétés sélectionnées sur la base de critères tels que la dépense annuelle, la fréquence de la dépense et l'utilité du produit. De son côté, le Fonds monétaire international avait remis en cause, lui aussi, l'année dernière, les chiffres avancés par le gouvernement concernant l'évolution du taux d'inflation en Algérie. L'institution de Bretton Woods a analysé les indices macroéconomiques du pays et évalué le taux d'inflation en Algérie, en 2007, à un niveau de 4,5%, alors que les estimations rendues publiques par l'ONS à cette période faisaient état de 3,5% seulement. Ce taux a été jugé par l'institution monétaire des plus élevés durant ces dernières années, en ce sens qu'en 2006, il n'a pas dépassé le niveau de 2,5% alors qu'en 2005, il s'est stabilisé à 1,6% seulement.