Le mal à Annaba s'appelle aujourd'hui l'embouchure de la Seybouse. Celle-ci déverse des quantités de déchets toxiques, lesquels ont transformé la cité de Sidi Salem, où se jette l'oued, en véritable vivier de nuisance mortelle. Surtout lorsqu'on sait que ces résidus vont à la mer sans être épurés. « Plus de 4,5 millions de mètres cubes d'eaux usées infectées par divers produits chimiques, dont des huiles industrielles, sont déversés quotidiennement dans cet oued », révèle à ce sujet le président de l'association nationale pour la protection de l'environnement et la lutte contre la pollution (Anpep), dont le siège est basé à Annaba. Et pourtant, cette zone, considérée comme l'un des espaces les plus pollués du littoral algérien, a été retenue lors de la dernière visite du président de la République pour abriter le fameux village touristique, s'élevant à un coût se chiffrant par centaines de millions de dollars US. Le problème donc est l'embouchure de la Seybouse, véritable catalyseur de déchets de toute sorte. Nous sommes en présence d'un conglomérat de liquide visqueux et vaseux, vecteurs de maladies infectieuses. En effet, plusieurs unités industrielles déversent leurs déchets toxiques dans la Seybouse qui les draine dans son sillage vers l'embouchure, les faisant ainsi se propager sur tout le littoral annabi. Pour preuve de conséquences néfastes, la dévastation de la faune et de la flore. Aujourd'hui, plus que jamais, la nécessité absolue de procéder à la réhabilitation du front de mer de la cité de Sidi Salem s'impose. « Nous préférons le terme de zone, car nous ne sommes plus en présence d'un quartier, tant l'environnement est plus que pollué et la structure sociale de cette zone se trouve bien en marge de la vie de la grande ville de Annaba », précise, B. Ali, professeur en sciences sociales et humaines de l'université de Annaba. Car, il faut le dire, même les bovins et autres ovins viennent « paître » le long du front de mer, et à l'intérieur même des cités d'habitation. Lorsque le soleil est au zénith, des troupeaux occupent une bonne partie de la zone de Sidi Salem et font une « sieste » en toute quiétude. Au même moment, certains passeurs « peaufinent » leur plan d'aventure « harraga ». Comme de vieux bourlingueurs, ils attendent patiemment la venue d'un jeune gagné par le désespoir et prêt à débourser plusieurs millions de centimes en contrepartie d'une hasardeuse traversée. Un drame humain inclus dans la question de l'environnement. En réalité, cette partie du littoral, caractérisée par les amoncellements de détritus polluant l'ensemble de la zone en question, et qui sont légion, demande un soin particulier et doit être dégagée de l'avancée des sables qui obstruent par endroits la voie de la circulation routière, ainsi que des étalages de fortune « installés » par des poissonniers à la sauvette, et de ces semblants de « plaisanciers » qui guettent les postulant à la « harga ». De l'avis des écologistes, l'environnement de Sidi Salem, fortement pollué, doit être assaini afin de conférer une activité à la fois rentable et utile à l'embouchure de la Seybouse. Ils suggèrent qu'il faut « veiller à l'élimination des vecteurs de pollution et trouver le fil conducteur de cette pollution létale des eaux de l'oued, entraînant le rejet d'une quantité de poissons de tout genre, crevés et stagnant sur les eaux engluées ».