Un groupe de travail composé d'experts des ministères de l'Environnement et de la Santé, en collaboration avec la Société de gestion et de participation de l'industrie ciments et de la Caisse nationale d'assurance chômage, vient d'être mis en place pour plancher sur les moyens de mettre fin à la pollution liée à l'utilisation de l'amiante dans les unités de ciment de Bordj Bou Arréridj, Zahana et Meftah. Le groupe aura jusqu'à septembre pour sortir avec des solutions à même de garantir l'efficience économique de ces unités et la protection de la santé humaine et de la biodiversité. C'est ce qu'a annoncé hier le ministre de l'Environnement, Cherif Rahmani, lors d'un point de presse. Utilisée comme matière première dans la fabrication des matériaux de construction produits par ces trois usines, en raison de ses qualités de finesse, de solidité et de résistance à la chaleur, l'amiante aurait été un matériau idéal si ce n'était sa haute toxicité, désormais avérée. Ne représentant aucun danger pour les utilisateurs des produits finis, principalement les plaques ondulées et les tuyaux d'adduction d'eau, produits par les trois unités depuis 1973, l'amiante s'avère cependant extrêmement dangereuse pour les 700 travailleurs des trois unités qui y sont exposés. En effet, l'inhalation des fibres d'amiante, suite à une exposition élevée et prolongée, provoque des maladies très graves, telles que l'asbestose ou fibrose du poumon, une maladie irréversible et incapacitante, les cancers broncho-pulmonaire, les mésothéliomes (cancers de la plèvre, du péritoine, du péricarde). Selon les données de la Caisse nationale des assurances sociales des travailleurs salariés, 162 cas de maladies dues à l'amiante ont été enregistrés durant la période 1982-2001, dont 15 cancers. Même si l'épisode de la fermeture de l'unité de Gué de Constantine en 2001 a obligé la SGP à prendre des mesures draconiennes pour la protection de ses travailleurs, le risque de maladie demeure toujours. Compte tenu de la longue période de latence des maladies causées par l'amiante pouvant aller de 10 à 20 ans, le nombre des malades est appelé à augmenter. Selon les spécialistes de la santé, le coût de prise en charge de ces maladies varient entre 50 mille et 1 million de dinars. L'autre aspect qui sera examiné par le groupe de travail est lié à la quantité « industrielle » de déchets amiantifères rejetés par les trois unités, sans prise en charge particulière, représentant un réel danger pour la santé des riverains et pour la nature. 1500 tonnes d'amiante sont générées annuellement par les trois unités, dont la moitié est produite par l'unité de BBA. Cette dernière, à l'instar de celle de Zehana, stocke ses déchets au sein même de l'unité, tandis que les déchets produits par l'unité de Meftah sont stockés au niveau d'un centre d'enfouissement. Toutefois, l'efficacité de cette méthode d'enfouissement est fortement contestée par les spécialistes de l'environnement, car elle ne permet pas, selon eux, de retenir les particules d'amiante qui finissent par se libérer dans la nature avec le risque d'être inhalé par la population. Ces quantités générées annuellement par les trois unités de ciment viennent ainsi s'ajouter aux 60 000 tonnes d'amiante répertoriées dans le cadre du plan national des déchets spéciaux. A signaler que le cadastre national des déchets fait ressortir un stock de 2 008500 tonnes de déchets spéciaux dangereux en Algérie.