Le comité Nobel a décerné hier le prix Nobel de la paix à l'ancien président finlandais Martti Ahtisaari « pour ses nombreuses médiations de paix à travers le monde ». Agé de 71 ans, le lauréat de l'année 2008 du prestigieux prix comptabilise 30 années de médiation au service de la paix, notamment à travers l'organisation qu'il a fondée en 2000, Crisis Management Initiative ou Initiative de gestion des crises. « Ses efforts ont contribué à bâtir un monde plus pacifique et à renforcer la fraternité entre les nations dans l'esprit d'Alfred Nobel », estime le président du comité Nobel norvégien, Ole Danbolt Mjoes. Une de ses plus grandes réussites remonte à l'année 2005 où il a œuvré à l'accord de paix entre le gouvernement indonésien et les ex-rebelles indépendantistes du mouvement Aceh libre (GAM). Ledit accord a mis fin à un conflit qui a duré 29 ans et qui s'est soldé par 15 000 morts. Martti Ahtisaari estime, pour sa part, que « la plus importante » médiation a été celle effectuée en 1990 pour l'accession pacifique de la Namibie à l'indépendance, car, dit-il, « il a pris énormément de temps ». En 1999, le président finlandais s'ingère encore comme médiateur pour mettre fin aux bombardements de l'Otan contre la Yougoslavie de Slobodan Milosevic. Il est aussi mis à contribution pour superviser le désarmement de l'armée républicaine irlandaise en Irlande du Nord, puis en 2007 il organise des pourparlers de paix entre les deux communautés irakiennes sunnites et chiites. Martti Ahtisaari accuse toutefois un échec notable au Kosovo. Chargé par l'ONU entre 2005 et 2007 de résoudre le problème Kosovar, l'ex-président finlandais n'est pas arrivé à une conciliation entre la Serbie et la majorité albanaise peuplant le Kosovo. Ce dernier a obtenu l'indépendance de l'Etat serbe le 17 février de l'année en cours. « Je suis surpris que les Norvégiens puissent prendre une telle décision. J'ai 12,5% de sang norvégien et cela devrait me disqualifier », c'est avec cette phrase que le diplomate finlandais, qui a un arrière-grand-père norvégien, a accueilli la nouvelle de sa nomination de prix Nobel de la paix pour l'année 2008. « Il n'abandonne jamais. Il essaie toujours de trouver une solution. Le monde a besoin de plus d'hommes de sa trempe », précise pour sa part le président du comité norvégien du Nobel. Instituteur de formation et président de Finlande entre 1994 et 2000, le nouveau lauréat de la belle récompense a été choisi parmi 197 candidatures. Parmi ces dernières, la célèbre ex-otage franco-colombienne Ingrid Betancourt, ainsi que le chef de l'opposition zimbabwéen Morgan Tsvangirai, le bonze vietnamien Thich Quang Do, la coalition contre les armes à sous-munitions, le médecin congolais Denis Mukwege et les Américains Sam Nunn et Richard Lugar, auteurs d'une initiative de désarmement. Figuraient également dans la course au Nobel de la paix des dissidents chinois et des militants russes des droits de l'homme. Martti Ahtisaari recevra son prix constitué d'un diplôme et d'un chèque de 10 millions de couronnes suédoises (1,2 million d'euros) le 10 décembre prochain dans la capitale norvégienne Oslo.