Jamais deux sans trois, dit-on, et Abdallah Djaballah ne ferait que confirmer la règle s'il venait à mettre en œuvre son « inavouable » volonté de se lancer dans une nouvelle aventure politique en annonçant la création d'un nouveau parti. Manœuvrant avec prudence, Djaballah fait cependant beaucoup plus dans « le tâte-pouls », en agissant par « entre-coups » et en veillant à ne pas brusquer l'échiquier actuel. Skikda De notre bureau Abdellah Djeballah, qui a côtoyé de très près l'aventure du multipartisme, connaît mieux que quiconque le poids symbolique d'une tête d'affiche islamiste dans une liste électorale. Chercherait-il à tirer des récompenses conjoncturelles du no man's land politique qui risque d'entacher les futures élections présidentielles ? Peut-être, même si ses fidèles, du moins ceux de Skikda, son bastion, laissent penser que la création d'un parti islamiste guidé par l'éternel leader n'est plus à écarter. Il resterait juste à concevoir l'habillage qui devrait lui éviter toute intrusion de la part de l'administration. Pour ce faire, l'ancien responsable d'El Islah est déjà en pleins préparatifs.Il vient de booster sa démarche en ordonnant à ses troupes de créer ce qu'il appelle « la commission nationale chargée de l'étude des substituts préconisés par l'université d'été ». A rappeler, à cet effet, que Djaballah avait rassemblé quelque 500 cadres qui lui étaient restés fidèles pour tenir son université d'été au mois d'août dernier à El Tarf. Une rencontre qui, dans ses recommandations, avait déjà proposé plusieurs variantes devant faire face à la scission qui concerne le parti El Islah. Des fidèles laissent comprendre que parmi ces recommandations figure, en pole position, la nécessité de créer un nouveau parti, même si d'autres participants avaient préconisé le noyautage d'El Islah tout en œuvrant à installer les bases d'un « coup d'Etat » à l'intérieur même du parti. Mais, apparemment, il ne voudrait pas se perdre dans ces méandres ni perdre un temps qu'il sait très précieux. Djaballah, qui ne peut et ne veut être qu'un leader, devrait annoncer très prochainement la couleur d'un nouveau parti. Il lui restera alors une solution de rechange. Et à en croire ses propres disciples, l'opportunité de dissoudre ses partisans dans de petits partis en phase d'agonie représente une autre sortie de secours. Djaballah acceptera-t-il de faire partie d'un parti sans le commander ? Improbable, car tout le monde le sait, il ne se veut que chef. C'est là le fondement de sa philosophie et de sa force, mais aussi la cause de ses faiblesses et de tous ses échecs.