Après avoir décidé de tenir une réunion extraordinaire le 18 novembre à Vienne, l'Opep a décidé de l'avancer au 24 octobre prochain. C'est un véritable état d'urgence qui est décrété par l'Opep. Mercredi, le signal a été donné par l'annonce de la hausse des stocks pétroliers hebdomadaires américains. Ces données ont poussé à la baisse le prix du pétrole brut à New York qui est descendu sous la barre des 70 dollars à 69,54 dollars en début d'après-midi, mercredi. Un niveau qui n'a pas été vu depuis le mois d'août 2007. A Londres, le même jour, le brent touchait la barre des 66 dollars à 66,60 dollars. C'est dans ce contexte de forte baisse que le secrétariat de l'Opep a annoncé, jeudi après-midi, que la réunion prévue le 18 novembre à Vienne était avancée au 24 octobre. La confirmation est venue d'Alger à travers l'agence officielle APS. Il est clair que cette nouvelle annonce signifie tout simplement que l'Opep a décidé de réduire sa production avant la fin de l'année. Lors de la visite d'inspection qu'il a effectuée à Hassi Messaoud et Hassi Rmel durant le week-end, le ministre de l'Energie et des Mines et président de l'Opep, Chakib Khelil, au cours d'une rencontre avec des journalistes, a clairement évoqué une réduction de la production. A la question de savoir ce que l'Opep allait faire face à la chute des prix, il a indiqué qu'« il est évident que pour assurer l'équilibre, il faut diminuer l'offre ». Questionné sur le niveau de la réduction éventuelle, il a répondu : « Je ne peux vous dire maintenant ce qu'elle sera, il faudra se réunir et décider. Je ne peux vous donner de réponse, la réponse doit être donnée par la conférence. » Se référant à la baisse des prix de 1986 et 1998, le ministre a estimé que « plus l'action est importante et rapide, mieux c'est pour la stabilité ; plus l'action est lente et hésitante, plus difficile sera le rétablissement ». Questionné sur le prix recherché par l'Opep, le ministre a indiqué : « Normalement, l'Opep n'a pas d'objectif de prix, c'est le prix du marché. Mais les gens disent que le prix marginal, le coût marginal en dessous duquel on ne peut pas descendre est entre 70 et 90 dollars le baril, parce qu'il y a les gisements de sables bitumineux du Canada où il faut avoir au moins 70 dollars le baril pour pouvoir produire et les gisements du Brésil où il faut aussi 70 dollars. » A propos des répercussions de la chute des prix sur les recettes d'exportation, le ministre a indiqué que le prix actuel est celui de la vente du pétrole en novembre et décembre. « L'année est terminée, on aura nos 80 milliards de dollars pour cette année. Même si on fait une moyenne de 70 dollars pour le reste de l'année, on a déjà fait une moyenne de 110 dollars jusqu'à récemment », selon le ministre.« Le problème est ce qui va se passer en 2009, il faut voir la crise. Va-t-elle durer ? Les solutions préconisées vont-elles régler le problème ? Quelle sera la demande de la Chine et du Moyen-Orient ? Toutes ces données seront examinées. Je pense qu'on fera des réunions nombreuses et rapprochées, c'est tout ce que je peux vous dire. Pour ce problème, ce n'est pas facile », a expliqué le ministre. Hier, le ministre qatari du pétrole, Abdallah Ben Hamad Al Attiyah, a estimé la réduction qui sera décidée par l'Opep le 24 octobre à au moins un million de barils par jour. Côté consommateurs, le Premier ministre britannique, Gordon Brown, a déclaré hier qu'« il est absolument scandaleux que l'Opep envisage de réduire sa production », avant de menacer « d'empêcher cela ». Mais aussi paradoxal que celui puisse paraître, aucun gouvernement des grands pays consommateurs n'agit pour que les prix de l'essence à la pompe baissent. Ils sont restés les mêmes alors que les prix du pétrole ont commencé à baisser depuis 6 mois pour se retrouver divisés par deux. Hier, après les annonces de l'Opep, les prix ont repris quelques dollars pour repasser au-dessus des 70 dollars. A 18h 15 GMT, le brut à New York était à 74 dollars le baril tandis qu'à Londres, le brent était à 71,39 dollars.