Perché sur un terrain à relief difficile et accidenté, à quelque 80 km au sud-est de Jijel, Bordj Ali est un village, relevant d'abord de la commune de Settara, qui n'a rien à « envier » aux autres bourgades de la région. En effet, ses habitants ne vivent que sur les maigres revenus de leurs petits labeurs ou de la vente du produit des insignifiantes récoltes agricoles. Seule la saison de la cueillette des olives représente pour eux une aubaine pour vendre de l'huile, en dépit du fait que ce produit, tant prisé dans la région, soit de plus en plus rare. Pour le reste, la population de cette bourgade est dramatiquement livrée au chômage, au mal-être, et à la délinquance, fera remarquer Messaoud, quadragénaire habitant le village. Ce dernier précisera encore que le seul CEM de ce bourg connaît une intolérable surcharge des effectifs, « ce qui n'est pas pour arranger les conditions de scolarité des élèves », ajoutera-t-il. Les jeunes sont, quant à eux, livrés aux contraintes quotidiennes de leur existence, rythmée par une routine accablante et une oisiveté mortelle, pour reprendre les termes de notre interlocuteur. Celui-ci indique encore sur un ton ironique que « dans ce village, seuls les retraités vivent, les autres crèvent », faisant allusion au « statut » de chômeurs du reste des habitants. Pour Messaoud, la seule bonne chose dans ce village reste la fontaine, aménagée par des… Grecs, lorsqu'ils étaient passés par là il y a plus de deux décennies pour un chantier de logements à réaliser à El Milia. L'eau vive émanant de cette source très ancienne est d'ailleurs très prisée par les habitants et par tous ceux qui viennent prendre un peu l'air dans la nature encore accueillante de la région. Ceci dit, en attendant que d'autres circonstances viennent améliorer les conditions de vie de la population, force est de souligner que Bordj Ali reste, aux yeux de ses habitants, la bourgade des laissés-pour- compte.