C'est quoi un musée, sinon « un lieu où sont réunis et conservés les biens culturels en vue de leur présentation au grand public », selon le Larousse, comme le musée de la préhistoire du Bardo, celui des antiquités, celui des arts et traditions populaires ou encore celui de l'armée... Ces dernières années, le département de la culture tient à doter la wilaya d'Alger davantage de lieux de mémoire. A chacune des occasions, il annonce des projets de ce type. Soit. Mais ce qui nous échappe, c'est l'ouverture de tels établissements dont la mission se confond avec la raison sociale affectée à une galerie d'art. C'est le cas du Musée des arts contemporains, le MAMA dont le champ d'action est limité à une scénographie mettant en avant l'expo en boucle de l'âge d'or des sciences arabes et des présentations d'œuvres à l'occasion des manifestations. L'on s'interroge si le musée dispose d'un aménagement des réserves, selon les normes muséographiques en vigueur, qui servent à stocker et à conserver les objets qui ne sont pas exposés ou qui sont entreposés, l'espace que durent les travaux ? Y a-t-il un cabinet de programmation (ou programmiste) ? L'établissement est-il pourvu d'un fonds à même de meubler à longueur d'année ses espaces, permettant au public de découvrir les nouvelles acquisitions ? Une somme de questions qui nous invite – bon sens oblige – à nous interroger sur les caractéristiques et la mission d'un musée. A un jet de pierres du MAMA, un autre pôle culturel, baptisé musée de la miniature, de l'enluminure et de la calligraphie est en jachère. Ouvert depuis le mois de juin 2007, la structure est pleine de vide, sinon quelques timides expositions sont venues égayer l'espace au milieu d'un personnel très peu qualifié. Aucune acquisition épousant la thématique n'orne les cimaises du musée. Pas de fonds non plus, car les réserves n'obéissent pas aux normes de conservation des objets, apprend-on. Dans cet irrésistible engouement pour la réalisation d'édifices culturels, il est envisagé la création d'un musée maritime aux Voûtes du port d'Alger, dont les parois internes pâtissent de la décrépitude. Un réceptacle qui, dit-on, accueillera un trésor d'objets aquatiques et subaquatiques et nous permettra un tant soit peu de faire une immersion dans un pan de notre legs millénaire. Il contribuera, dans la foulée, à booster le volet touristique. Plus, Alger ambitionne depuis 2005 de donner naissance à un musée africain, synthétisant la mémoire du continent noir. Tant mieux. Pour peu que le lieu ne brille pas par la vacuité.
