La Fédération nationale des travailleurs des textiles et cuirs (FNTTC) emboîte le pas aux autres fédérations affiliées à l'UGTA ayant déjà formulé leur position concernant les privatisations des entreprises publiques. La FNTTC a affirmé clairement, hier, lors d'une conférence nationale de ses cadres syndicaux, tenue au siège de la centrale syndicale, son opposition « irrévocable » à la stratégie industrielle du gouvernement prévue pour les entreprises publiques. Une position qu'elle envisage de soumettre au secrétariat général de l'UGTA dans les prochains jours. « Notre position par rapport à la démarche du gouvernement n'a pas changé d'un iota depuis septembre dernier », a déclaré le secrétaire de la fédération, Youcef Saïdi. Car, de son avis, « telle qu'elle est prônée, la privatisation du secteur du textile et cuirs est semée d'illusions ». Il qualifie la démarche du gouvernement de « démantèlement d'une industrie qui n'a pas épuisé ses capacités de participer au développement national en fournissant richesse et emploi ». Alors que le gouvernement parle d'« une démarche qui vise à promouvoir une économie productive et compétitive qui se fonde sur la nécessité de réunir les conditions favorables aux entreprises publiques et privées », l'on assiste sur le terrain, a-t-il regretté, à « un rouleau compresseur qui fait son œuvre de destruction ». Selon lui, c'est la totalité des 74 entreprises du textile et cuirs qui est proposée à la privatisation. M. Saïdi fait état de près de 80 000 travailleurs du textile et cuirs qui sont mis à la porte et de 29 entreprises du secteur fermées. Des entreprises auxquelles on a scellé les portes à cause de leur endettement. Mais la fédération du secteur ne doute pas de la progression du chiffre d'affaires des EPE du secteur qui a permis, soutiennent-elle, d'éponger leurs dettes. Chiffres à l'appui, le SG de la fédération dira qu'en termes de crédits, la part des EPE est passée de 81% à 57% alors que le secteur privé connaît, à ses yeux, une forte croissance, passant de 19% à 42% en 2003. Un secteur privé qu'il qualifie même de « parasitaire » car ne payant pas sa fiscalité. « La part dans la fiscalité ordinaire du privé ne dépasse pas les 6% en 2003 », ce qui dénote, aux yeux de la FNTTC, « le niveau de fraude et d'évasion la fiscales ». Selon lui, malgré le chiffre d'affaires colossal réalisé par 188 000 entreprises privées, seuls 600 000 travailleurs sont déclarés à la sécurité sociale. En fait, la fédération de l'UGTA demande un traitement égalitaire, mais seulement pour les entreprises qui sont de véritables sources de création de richesse et d'emploi pour le pays. Elle ne s'oppose pas au partenariat, celui qui fera faire participer les travailleurs. En somme, la FNTTC revendique l'octroi d'une chance avec « comme seul garant l'Etat », accompagnateur et régulateur. D'ores et déjà, les travailleurs du secteur comptent se mobiliser pour faire du 24 février une journée contre les privatisations sauvages et la sauvegarde du secteur public. Une occasion au cours de laquelle il faudra exiger, d'une part, un plan de relance pour le secteur et, d'autre part, des crédits aux repreneurs à octroyer aux EPE concernées sur la base d'un véritable contrat de relance.