On ne cesse de s'interroger depuis des mois sur la volonté de l'Amérique d'élire un noir au poste de président des Etats-Unis. Cette question continuera d'être posée jusqu'à la proclamation des résultats des élections du 4 novembre, parce que la distance prise à l'égard des sondages, sera la même dans ce qu'on appelle la sortie des urnes. C'est le secret de l'isoloir, mais il en est qui ne cachent pas leur opposition de voir Barack Obama, en tête des sondages, être le futur président parce que c'est un noir. En effet, deux néo-nazis, militants de la cause de la suprématie blanche, ont été arrêtés dans le Tennessee, alors qu'ils se préparaient à commettre une série de meurtres et une tentative d'assassinat contre le candidat démocrate Barack Obama. Les deux hommes, Daniel Cowart et Paul Schlesselman, ont été inculpés de menaces contre un candidat à l'élection présidentielle, de détention illégale d'un fusil à canon scié et de complot en vue de dévaliser une armurerie. Les documents présentés lundi dernier, lors de l'audience qui a abouti à leur inculpation, montrent que le complot restait sommaire et encore à l'état de projet. « Nous ne sommes pas sûrs qu'ils avaient les capacités et les moyens de mettre à exécution leurs menaces », a précisé une source proche de l'enquête. Les craintes à propos de la sécurité personnelle de Barack Obama ont conduit le Secret Service, le service officiel de protection des hautes personnalités aux Etats-Unis, à assurer une protection 24 heures sur 24 depuis le début de sa campagne. « Ces individus ont commencé à évoquer la possibilité de perpétrer une série de meurtres et ils prévoyaient l'exécution de 88 personnes et la décapitation de 14 Afro-Américains », selon un agent qui témoignait lors de cette audience. Un autre agent a expliqué que le nombre 88 possède une valeur symbolique chez les militants néo-nazis. Le chiffre huit correspond à la lettre « H » dans l'alphabet et 88 signifie « Heil Hitler ». Animés par une folie meurtrière, les deux hommes avaient dérobé des armes à feu à leurs familles et s'étaient procuré un fusil à canon scié. Selon leur plan, ils projetaient de se lancer dans une randonnée meurtrière passant d'un Etat à l'autre en s'attaquant en priorité à des écoles noires et en effectuant des cambriolages. Ils ont également expliqué, apprend-on, que le clou de cette équipée était d'assassiner le candidat à l'élection présidentielle, Barack Obama. Pour ce dernier acte de violence, ils envisageaient de s'habiller en smokings blancs et de chapeaux haut-de-forme et de faire usage de leurs armes à feu en passant à vive allure dans leur voiture à hauteur du candidat démocrate. Des formules et des symboles racistes, dont une croix gammée et les nombres 14 et 88, avaient été peints sur la carrosserie de la voiture de Cowart. Les deux individus avaient prévu leur premier cambriolage le 22 octobre, mais ils y avaient renoncé au dernier moment. Ils s'étaient fait interpeller un peu plus tard, ce jour-là, dans le comté de Crockett dans l'ouest du Tennessee. Une première alerte a eu lieu lors de la convention démocrate de Denver (Colorado), en août dernier, en marge de laquelle trois hommes avaient été arrêtés en possession d'armes à feu. Les trois suspects avaient déclaré vouloir tuer le candidat démocrate lors de son investiture officielle par son parti, mais les autorités avaient jugé qu'ils ne présentaient pas une menace réelle pour la vie du sénateur de l'Illinois. L'équipe de campagne de M. Obama a refusé de commenter ces informations. Fin août, trois hommes, dont un armé et un autre connu pour ses sympathies pro-nazies, ont été arrêtés à Denver (Colorado, ouest) lors de la convention démocrate où le sénateur avait été officiellement intronisé candidat. Au début du même mois, des agents du Secret Service avaient arrêté à Miami (Floride, sud-est), un homme qui avait menacé de tuer le candidat noir. Des armes à feu, des munitions et des armes blanches avaient été saisies au domicile et dans le véhicule de cet homme. « Si ce nègre est élu, je l'assassinerai moi-même », avait-il publiquement déclaré, selon des documents de la police. L'Amérique n'a rien oublié des assassinats des frères John et Robert Kennedy et de Martin Luther King. Il est sûr que ces tueurs ne représentent pas toute l'Amérique qui est fascinée par Obama. Que fera donc cette Amérique, mardi prochain ?