Entre 3 et 11 points d'avance suivant le sondeur, telle est la tendance, telle que présentée par les sondages les plus récents. Mais s'ils donnent tous Obama vainqueur, faut-il pour autant s'y fier ? Lors de la dernière élection, Bush était donné perdant mais a gagné, lors d'un retournement des derniers jours et les exemples sont relativement nombreux, où les électeurs ont déjoué les sondages – qui ne sont que des intentions de vote déclarées – juste avant le scrutin. Si les médias aiment à rappeler l'Effet Bradley, du nom du candidat noir à la mairie de Los Angeles, donné largement gagnant par les sondages mais qui a perdu l'élection parce qu'un certain nombre de « sondés » n'ont pas osé avouer qu'ils ne voteraient pas pour un Noir, les instituts de sondage ont pour la plupart annoncé qu'ils avaient pris en compte cet effet Bradley dans leurs calculs. Par ailleurs, sur 12 élections « sondées » entre 1960 et 2004, seules deux d'entre elles ne furent pas correctement évaluées par les derniers sondages les plus crédibles, ce qui tend à renforcer l'efficacité de ces derniers. En tout état de cause, même avec les correctifs, Obama reste en avance dans les sondages et dans les Etats clés indécis, ceux qui vont déterminer le résultat final du vote, de 7 points par exemple en Floride (50% contre 43%) selon un sondage à paraître aujourd'hui dans le Los Angeles Times. Mais si tout le monde pense qu'un candidat donné vainqueur par les sondages encourage les indécis à voter en sa faveur, l'effet d'entraînement ne jouerait que sur un très faible pourcentage des votants et n'influerait pas réellement l'opinion. Pour compliquer le tout, un autre sondage tout aussi sérieux de Reuters/Zogby, paru hier, a donné McCain gagnant à la présidentielle, contre toute attente. Les sondages peuvent paraître aléatoires mais les chiffres eux sont têtus. Pour espérer gagner, il faudra à McCain vaincre dans tous les Etats indécis, et en plus, arracher aux démocrates un de leurs Etats gagnés en 2004. Sans entrer dans la complexité des sondages, il suffit donc qu'Obama remporte un seul Etat indécis, la Floride, la Caroline du Nord, le Missouri et l'Indiana, ou encore la Virginie et l'Ohio, où il est en tête des sondages, pour remporter l'élection.